(p. 101)
On a trop négligé de considérer le rôle de la bêtise dans l'histoire, comme le notait Raymond Aron. Mais la bêtise la plus redoutable, parce qu'elle passe inaperçue, c'est la bêtise arrogante et sophistiquée des élites intellectuelles, soumises aux modes idéologiques et rhétoriques, conformistes dans leurs rêves de "révolution" ou de "radicalité" et fascinées par la violence des supposées "damnés de la terre", "opprimés" ou "discriminés", censés avoir "toujours raison" et annoncer, au bout du long chemin de "l'émancipation", la création d'un monde parfait.