Première certitude à abandonner au seuil de l'acte 1, premier ébranlement, et non des moindres: le texte d'une tragédie classique pourrait bien apparaître aujourd'hui, pour tout lecteur amateur de lecture, pour tout rêveur désireux d'autres mondes, comme un texte illisible. Grande est la difficulté de la langue: de sa cadence (l'alexandrin) mais aussi de sa complexité grammaticale, de sa sophistication syntaxique. En nous forçant à nous arrêter, à reprendre, à relire, à articuler, la tragédie classique exhibe en quelque sorte les opérations inhérentes à toute lecture: d'abord l'appropriation physiologique du texte par la voix et le regard, puis la maîtrise intellectuelle du sens, enfin la conquête fantasmatique de l'univers fictionnel.
(Extrait de la "Présentation")