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Critiques de Pierre Evil (3)
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Detroit Sampler : 100 ans de musique dans l..

Une table des matières succincte, pas d'index, mais une bibliodiscographie érudite et sacrément appétissante pour savoir dans quoi on met les pieds. Un grand et gros volume de près de 600 pages, entièrement voué à la ville de Detroit et à la musique qui s'y est forgée, qui y a été jouée, qu'elle a influencée. Voici donc Detroit Sampler par Pierre Evil paru chez Le mot et le reste.

Contrairement aux autres livres de l'éditeur consacrés aux villes, les Streets Of London, New-York, etc, la démarche de l'auteur est ici beaucoup plus historique que touristique. On ne se ballade pas de quartiers en quartiers, de rues en rues. Detroit Sampler démarre avec l'histoire de Detroit, la construction automobile et les usines d'armement, les émeutes de 1943 et 1967, le fordisme industriel et l'idéologie de son fondateur, les migrants de l'intérieur qu'ils viennent du Delta, du Texas ou du Kentucky, les luttes sociales, syndicales et raciales. Le livre est nourrit de ces passages sur l'histoire et la politique, indissociables du contexte de la création musicale locale.



Tous les genres y sont abondamment traités, du blues à la house, du hillbilly à la soul, et autres rock, rap, funk, hard core, etc. C'est une formidable énergie musicale qui se greffe à l'essor économique de la ville.

À Detroit, on écoute de la musique partout, chez soi ou dehors, on danse et on achète des disques. Après les dancings et les big bands,  Pierre Evil fait monter sur scène un bluesman au style rêche et archaïque, à la voix rauque et âpre. John Lee Hooker trime en usine le jour et passe ses nuits à jouer dans des bouges de Detroit quand il est repéré par Berbie Besman qui lui fait enregistrer son premier 78 tours, 'Boogie Chillen'. Sa carrière est lancée alors qu'il vient de dépasser la trentaine. Enregistrements multiples, distribution aléatoire, contrats farfelus, gains détournés, P. Evil s'appuie sur les déboires du bluesman pour montrer l'envers du décor, ce qui ne se voit pas de la scène, ni n'entend sur disque. Et ce n'est pas très beau, à Detroit comme ailleurs.

Quelques années après, Motor City, le surnom de Detroit va être supplanter par un autre : Motown. Motown c'est Berry Gordy, patron d'une usine dont la devanture est ornée d'un 'Hitsville' clinquant. Une usine à tubes, à danser. Ces pages justifient à elles seules l'achat du livre. Le fonctionnement méthodique du label, l'organisation en studio, les compositeurs (Smokey Robinson, Holland/Dozier/Holland, Norman Whitfield, etc)  et les musiciens (les secrets Funk Brothers), et bien sûr toutes ces voix, Martha Reeves, Mary Wells, les Four Tops, etc, jusqu'au révolutionnaire 'What's Going On' de Marvin Gaye. Tout est sous nos yeux, avec lucidité, intelligence et passion. Ces pages sont littéralement pavées de petits chefs-d'œuvres.

À Detroit la soul c'est principalement Motown, mais pas que, c'est aussi tout ces petits labels moitié francs-tireurs moitié opportunistes qui ont sorti une quantité de disques plus ou moins bien produits et quelques hits d'artistes délaissés ou virés d'Hitsville.

À quelques rues émerge le raffut du 'Dope, rock'n'roll & fucking in the streets', ce moment où le rock devient un adulte en colère en passant du twist à la guerre au Vietnam, l'émergence des garage bands et du MC5, groupe entre avant-garde, activisme et provocation permanente.

"Ils étaient cinq, donc. Cinq jeunes gars de Lincoln Park, banlieue sud de Detroit, cité-dortoir des ouvriers des usines Ford de Dearborn et River Rouge. Cinq fils de prolos, gueulards, arrogants et malins comme seuls peuvent l'être ceux qui n'ont d'autre choix qu'entre l'usine et le rock ; et qui ont choisi le rock."

Un détour rapide par Alice Cooper puis par Grand Funk Railroad où l'auteur démontre son habilité à désosser un groupe et sa musique en moins de deux pages, on arrive à ce que Pierre Evil appelle "le vrai groupe américain", le groupe de Detroit connu dans le monde entier, qui n'est d'ailleurs pas de Detroit mais ne chipotons pas pour quelques kilomètres. Toute la folie destructrice, la fascination ou le rejet, la violence musicale et la violence physique transpirent des quelques pages dévouées à Iggy Pop et aux Stooges.



Il y a tous ceux que j'ai cité, et il y a surtout tous les autres. La pléthore de tocards, de tacherons, de malchanceux déterrée de l'oubli par Pierre Evil, tous ceux retournés à l'anonymat après un ou deux 45t sur un label de quartier, ceux qui ont connu un vague succès, et les stars, George Clinton, Eminem, Carl Craig, Jack White et sa surprenante trajectoire, etc. Tous contribuent à faire de Detroit une des villes à l'influence musicale faramineuse.

La musique y est nerveuse et déchaînée, comme un négatif de la Côte Ouest, moins prétentieuse que New York, bien moins coincée et plouc que le Sud.



Pierre Evil écoute, dissèque, raconte avec humour et passion, en faisant preuve d'une érudition époustouflante qui font que même les chapitres où la musique traitée m'intéresse un peu moins viennent à me captiver et à faire de ce livre tentaculaire un vrai page-turner comme on le dit d'un roman qu'on ne lâche pas avant 2h00 du matin.



Detroit Sampler, une somme, un énorme périple musical, dont arrivé à la fin on peut se dire : "Je l'ai lu !"

À la question "Qu'est-ce qu'un excellent livre sur la musique ?", la réponse est aisée : Detroit Sampler.







Pour compléter et guider la lecture, l'auteur a concocté une playlist de goinfre écoutable sur youtube.

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Gangsta rap

Comme pour chaque livre, la seule question qui subsite une fois la lecture achevée est de savoir s'il m'a suffisamment plu, interpellé, questionné ou émerveillé pour que je souhaite me replonger un jour dedans et parcourir une nouvelle fois ses pages. La réponse est non car même s'il fourmille d'informations rares et d'analyses intéressantes, il y a également de nombreuses banalités et portes déjà ouvertes par d'autres.
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Gangsta-rap

Un très bon bouquin pour quiconque s’intéresse un peu à la musique hip hop Californienne (mais pas que) des années 80-90. C'est très documenté, l'auteur prend parti et le reconnais dès le départ. Beaucoup d’anecdotes, de références et des textes traduits, ce qui est plutôt sympa pour ceux qui ne se sont jamais attardés à déchiffrer l'argo Hip hop de l'époque.

Le livre de 2pac est pour moi le meilleur, avec un bon passage sur les black panthers et l'auteur ne joue pas la facilité, en se concentrant sur son assassinat, mais plutôt sur un passé plus méconnu et sur sa musique.

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