L'oeuvre de Goya est immense : quelques 500 peintures , environ 280 eaux-fortes et lithographies , et près d'un millier de dessins . Vouloir l'enfermer dans une formule qui la définisse d'un seul coup est illusoire : ce serait l'ignorer ou la mutiler . Lui fixer des limites ne pourrait que la diminuer et lui ôter cette puissance de projection vers l'avenir qui en fait la grandeur . Qu'on ajoute à cela l'inconnu qui pèse sur plusieurs périodes essentielles de sa vie , le mystère dont sont entourées certaines oeuvres importantes et , par suite , le halo de légende qui s'est créé , dès son vivant , autour de lui , et l'on comprendra sans peine l'extraordinaire complexité du "cas Goya" .
(...) Voici donc tracée la véritable trajectoire de l'art de Goya : les cartons de tapisserie (1775-1791) ; San Antonio de la Florida (1798) . Les Fusillades du 3 mai (1814) et enfin les peintures noires (1820-1821) . Sans oublier qu'à chacune de ces oeuvres clés correspond une série gravée d'un rythme exactement parallèle : eaux-fortes d'après Velasquez (1778) ; Caprices (1799) , Désastres de la guerre (1810-1820) et Disparates (1820-1824 ) .