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Citation de cinquecento


Quand les trois sbiri eurent tourné le coin, ils ne virent d’abord qu’un vieil homme assis sur un billot de bois. Leur pas cadencé fit lever au vieillard des yeux aveugles sans que nulle parole ne sortît de sa barbe hirsute. Il ressemblait à ces statues de pierre qui ornent parfois les tombeaux. Statue muette, il ne devait contempler la vie que par le biais de ses émanations sonores, car plus loin se chevauchaient les échos de l’animation des calli. Dans le rioterrà Sant’Aponal comme ailleurs, l’activité débordait jusque sur la glaise de la rue dans un entassement bruyant, un coude-à-coude clabaudeur, exubérant, généreux.
L’arrivée des trois sbiri habillés de noir y fit l’effet du chat introduit dans une volière. Les voix se turent, les enfants se réfugièrent dans les jupons des mères, un jeune sabotier rassembla prestement les copeaux de bois éparpillés autour de son ouvrage. On eût dit le passage d’un cortège funèbre au point que le sabotier ôta son bonnet. Mosca s’avançait sans rien voir. Ses insignes l’isolaient de ses semblables, le jetait dans la peau d’un notable.
Les trois hommes marchèrent ainsi jusqu’au bout de la calle, là où le chemin de terre battue faisait un coude avant de s’arrêter brutalement sur le rio. En se penchant un peu sur l’eau glauque, on pouvait apercevoir de biais les belles fenêtres lancéolées d’un petit palais flanqué d’un jardinet que l’on devinait derrière un mur. La dernière maison de la calle occultait le reste. C’est là que Mosca s’arrêta.
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