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Citation de SZRAMOWO


Elle interrogea François, réputé l'intellectuel de la famille parce qu'il avait passé son baccalauréat avant l'âge.
— Ce sont des noms de demi-mondaines, maman. Ninon de Lenclos pour la première, Virginia de Castiglione pour la seconde. La Païva, c'est le nom adopté par une femme nommée Esther Lachmann. On disait d'elle : « Qui paie y va. »
Mme Pelletier ouvrit une bouche ronde.
— Ce sont des… ?
— Oui, maman, confirma calmement François, ce sont des.
— Mais pas du tout ! protesta M. Pelletier lorsqu'il fut interrogé. Ce sont des courtisanes, Angèle. Je les ai appelées comme ça parce que ce sont mes petites chéries, voilà tout…
— Des salopes, oui.
— Oui, aussi… Mais c'est pas trop pour ça…
Mme Pelletier aimait à faire à son mari la réputation d'un homme infidèle. Cela devait la flatter. En réalité, Louis ne l'avait jamais trompée, mais elle ne manquait pas une occasion de stigmatiser en public des écarts de conduite qu'elle savait parfaitement imaginaires. Il en allait ainsi, par exemple, du fait que son mari, lorsqu'il se rendait à Paris, descendait toujours à l'Hôtel de l'Europe. Il vantait souvent les qualités d'accueil de Mme Ducrau, l'hôtelière que Mme Pelletier n'appelait jamais autrement que « la maîtresse de mon mari » ou « la maîtresse de votre père » quand elle s'adressait aux enfants. Louis protestait toujours. « Mme Ducrau doit être bicentenaire, Angèle ! » disait-il, mais elle accueillait cet argument d'un petit mouvement de principal signifiant : « À d'autres ! »
Pour l'heure, Mme Pelletier avait un tout autre souci que les maîtresses de son mari ou le surnom des trois grandes cuves à savon : survivre.
Selon elle, rien n'était moins certain.
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