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Citation de Maym


J'ai compris peu à peu que le lecteur n'attend rien. Je veux dire, il ne sait pas ce qu'il attend. Parce qu'il lit avec son inconscient, son histoire enfouie, ses désirs, tout ce qu'il ignore ou veut ignorer. Ce que je devais faire, c'était avant tout découvrir mon propre désir, qu'est-ce que j'ai besoin d'écrire et non supposer celui des autres. Ce sont les lecteurs qui rendent mon livre réel, et assignent ou non un usage dans leur vie. Par leurs lettres, leurs paroles au cours de leur rencontre, j'ai pu voir combien écrire sur soi c'est écrire sur les autres. Et surtout ceci : à mon désir de réduire en écrivant la distance entre les mots et les choses, les sensations, par le refus du roman, de la métaphore, du détour, correspond une absence de distance entre le texte et mon lecteur. J'ai constaté que très souvent le lecteur s'approprie mon livre, superposant au texte leur histoire à eux, à la fois même et autre. On me dit "vous avez tenu le stylo à ma place!" au figuré, parfois au propre, le lecteur écrit dans les marges, inscrits ses sensations et émotions entre les mots, comme s'il remplissait le vide , le "je" vide que j'ai tenté d'être en écrivant. En miroir au texte, il m'envoie sa vie dans des textes que je lis toujours avec émotion et émerveillement. Quoi d'autre pourrait provoquer un tel échange entre des gens qui ne se connaissent pas ? Qui pourrait dire que la littérature ne sert à rien ?
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