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Citation de JacquesBonhomme


Tandis que Pausole méditait ainsi, quatre heures avaient sonné à toutes les horloges, et avant que le dernier coup n’eût fait vibrer le dernier timbre, Taxis, une petite sonnette en main, arpentait déjà la grande salle à pas méthodiques et déterminés.

Toutes les femmes s’éveillèrent à regret. La plupart, se retournant avec un soupir maussade, essayaient de reprendre le rêve interrompu, mais sans espoir qu’on le leur permît.

— Mesdames, dit le Grand-Eunuque, voici l’heure du réveil. Le droit de dormir ne vous appartient plus. Debout ! Debout !

— Non… zut !… firent des voix suppliantes.

— Rien ne sert de lutter contre le règlement, dit Taxis. L’Écriture nous enseigne : « Il y a temps pour tout sous les cieux, un temps pour naître et un temps pour mourir ; un temps pour tuer et un temps pour guérir ; un temps pour abattre et un temps pour bâtir[1]. » Il y a un temps pour rêver et un temps pour vivre : debout !

S’arrêtant, il examina un coin tout encombré de corps longs et las.

— Ah fit-il impatienté, il règne ici un désordre scandaleux. Dès ce soir, je veux assigner à chacune de Vos Majestés une place rigoureuse et invariable dont il ne lui appartiendra pas de s’écarter à l’heure de la sieste.

Un murmure bruyant s’éleva, aussitôt dompté par un regard plein de menaces :

— Silence ! cria Taxis. Mes paroles sont inspirées d’abord par des considérations d’hygiène, de police et de décence ; mais ne le fussent-elles point qu’elles seraient encore selon la sagesse, car il est écrit : « Tu vivras par les lois et par les ordonnances[2]. » Ce qui est élu par la fantaisie est exécrable ; ce qui est conçu par l’autorité est judicieux. Ainsi doit s’exprimer une voix saine, stricte et droite.

— Pardon, monsieur, dit une jeune fille, pourquoi ne pas nous laisser choisir ? Moi, j’aime mieux dormir sur une natte et ma sœur sur un tapis. Si vous nous ordonnez le contraire, cela ne fera plaisir à personne et nous en serons désolées.

— Il n’importe. Vous ne savez pas quel est votre bien. L’autorité le sait pour vous et vous le donne à votre insu, malgré vous, c’est là son rôle.

— Quand personne ne la réclame ?

— L’autorité s’exerce. Elle ne défère point. Elle seule discute son droit, limite son domaine et décide son action.

— Au nom de qui ?

— Au nom des principes.
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