AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de araucaria


Le 4 août 1789, dans un grand élan, les députés de la noblesse aux Etats Généraux abandonnaient au nom de leur ordre tous les privilèges et droits réels de la noblesse, tout ce qui faisait d'elle, non une classe socio-économique, mais un ordre soumis dans la Nation à des lois spécifiques, possédant des droits et des devoirs exorbitants du droit commun. Le suicide patriotique de la nuit du 4 août consacrait le triomphe d'un des thèmes majeurs de la philosophie des lumières. Désormais, selon la formule de la Déclaration des droits, les hommes naîtraient "libres et égaux en droits". Le 23 juin 1790, un décret de Louis XVI édictait : "La noblesse héréditaire est pour toujours abolie. Les titres de prince, duc, comte, marquis, vicomte, vidame, baron, chevalier, messire, écuyer, noble et tous autres semblables ne seront ni pris par qui que ce soit, ni donnés à qui que ce soit".
Napoléon 1er allait cependant créer de nouveaux titres, et Louis XVIII rétablir la noblesse, mais le concept de noblesse, amputé de son assise réelle, sortait du bouleversement révolutionnaire définitivement dévalué. Il ne s'agissait plus, pour les souverains du XIXe siècle, d'ouvrir à des familles l'entrée d'un ordre privilégié, mais seulement des individus en leur concédant des titres, héréditaires ou non, ou en les autorisant à se dire nobles. Dès cette époque, la réalité abolie cédait la place à l'apparence. Survivance décorative, progressivement dépréciée, la noblesse était du moins reconnue par la loi, ou les titres protégés. Avec la troisième instauration de la République, l'Etat allait s'en désintéresser. Napoléon III avait encore créé des titres, le maréchal de Mac-Mahon en avait confirmé. Depuis 1879, aucun titre n'a été créé, aucun relèvement de titre par un branche collatérale admis, aucun titre étranger accordé à un Français autorisé (à de rares exceptions près).
Aujourd'hui, la noblesse n'existe plus, et pourtant elle semble plus vivante que jamais. Il suffit, pour s'en convaincre, de consulter annuaires et carnets mondains, ou de lire dans les journaux les discussions autour de l'ascendance vraie ou supposée de tel homme politique, ou de l'authenticité du titre de tel autre. A l'origine de cette persistance visible et de ces débats se trouve la confusion entre noblesse et apparence noble, confusion que ne peut clarifier l'attitude des intéressés.
Commenter  J’apprécie          90





Ont apprécié cette citation (9)voir plus




{* *}