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Citation de gabb


[ l'auteur évoque son grand-père ]

Eugène mourut à la fin des années soixante : de ce trépas, je ne saurais préciser le mode ni la date, mais j'incline pour le printemps de 1968. J'avais d'autres soucis, et de plus urgents et nobles, que le bout du rouleau d'un vieil ivrogne : sur la scène imitée du gaillard d'avant du Potemkine où des enfants romanesques jouaient au malheur [...] j'avais un premier rôle; la douceur ardente de ce Mai, la fièvre qu'il donnait aux femmes aussi promptes à satisfaire nos désirs que les manchettes complaisantes des journaux l'étaient à flatter notre fatuité, tout cela m'émouvait davantage que le décès d'un vieillard; au reste, nous haïssions la famille, sur un air connu; et sans doute, grimé en Brutus, déclamais-je le plus sérieusement du monde des poncifs libertaires, le jour où s'engorgea le sang du vieux clown, lui fit un masque triomphant et plus cramoisi que jamais, plus vineux dans l'ivresse de la mort qui est celle de mille vins, et enfin reflua à son cœur après l'inimitable prestation de l'agonie. Clara porta seule en terre, avec quelques voisins, le corps du polichinelle. Il est mort comme un chien; et la pensée me réconforte, que je ne mourrai pas autrement.
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