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Bibliographie de Pierre Ruseray   (1)Voir plus

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Certes, sa sensualité s’était éveillée de manière prometteuse et le terrain en semblait riche de possibilités encore réservées.
Mais où étaient ses limites ? Quand le désir se changerait-il en lassitude et le besoin d’action en molle flottaison dans le connu ? Y avait-il, même en elle, des compartiments nouveaux à découvrir après en avoir fait sauter la serrure, ou avaitil maintenant éclairé l’unique pièce d’une petite maison fruste, une fleur bleue à la fenêtre, que tant de femmes ont pour tout bien à offrir à celui qui, devant la porte, a eu la conviction d’entrer dans un palais qui n’était que dans son imagination ? Et même s’il y avait des pièces nouvelles où pénétrer, les tabous, les interdits, les habitudes reçues, ne seraient-ils pas d’indéchiffrables serrures qui arrêteraient toute progression vers une découverte en elle-même possible ? Que d’inconnues, que de dangers !
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Toujours cambrée, elle leva les bras au-dessus de sa tête, sachant que cela lui donnait la plus jolie ligne possible, les mollets renflés, les cuisses tendues et dures à demi découvertes par la courte jupe bleue, la croupe saillante, le ventre plat, absorbé dans la courbe allant des genoux aux épaules, rompue seulement par le jaillissement des seins moulés dans un pull jaune d’or. Elle pivota lentement, par petits coups saccadés sur le bout des pieds, presque comme une danseuse sur ses pointes, fit face à ses admirateurs, jugea de l’effet produit au sourire de Claude qui tendait déjà les bras, continua à tourner en balançant son torse à droite, puis à gauche,frotta sa joue contre son bras levé, caressée par le soleil et par les regards, jouisseuse en communion avec cette nature lourde d’expansion contenue que traversait l’éclair du désir des mâles.
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Son désir actuel, mordant, intense, permanent, lumière de sa vie, il le voyait, à terme, vacillant et mourant comme une flamme sans huile ; il voulait le garder, le regonfler périodiquement, lui donner des couleurs nouvelles. Cette femme qu’il aimait, en laquelle il se projetait, il voulait se donner l’angoissante impression de la faire éclater, de la disperser, de la perdre dans des folies paroxystiques, pour la recréer, la faire renaître à son amour, avec chaque fois la fraîche jouvence du renouveau, comme le ruisseau, après avoir livré son cristal embué sous la caresse des arbres, se perd en bouillonnant dans une fente noire et quitte le monde réel, pour resurgir plus loin dans la candide apparence roucoulante d’une source dans laquelle les lèvres du voyageur attendri ne reconnaissent pas l’eau qu’elles ont déjà bue plus haut.
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Il ferait éclater leur intimité en ouvrant leurs amours à d’autres humains, sa pudeur s’offrirait en hommage à sa puissance, il la donnerait à d’autres, réalisant ainsi l’apparence de la séparation, il ferait prendre à la résonance de ses sensations des échos nouveaux, à une échelle inconnue d’elle, où elle n’aurait plus de repère et par conséquent plus de limite, il la jetterait, pantin désarticulé ne coordonnant plus ses mouvements ni ses idées, à des hommes et des femmes obsédés de désir qui seraient pour elle une mer de sensations entrechoquées, d’une force inépuisable où elle se ferait ballotter, sans direction et sans but, jusqu’à ce qu’il l’en arrache et la ramène au monde et à lui, cueillant le regard nouveau, frais et étonné, qu’elle livrerait au sien après la fantasmagorie du tumulte.
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Non, il fallait sauver cette chaude vie, bannir l’usure, renouveler, recréer, abolir le temps en lui ôtant, dans une brillance se rallumant partout, la possibilité de ternir. Une buée se dépose sur une facette, un rayon en fait flamber une autre,puis une autre et encore une autre. Leur passion serait comme la masse neigeuse des montagnes où le nuage éteint de son aile sombre la crête que le soleil irisait tandis qu’un pic s’allume plus loin, est éteint à son tour, mais un autre, dix autres, s’arrachent à la grisaille, y retournent et en rejaillissent, faisant tourner en rond la nuée toujours plus courte que ce qu’elle cherche à voiler.
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Depuis qu’il avait rencontré Claudine, il y avait eu les phases de l’éveil, de la conquête, de l’installation. Maintenant, il l’exploitait, comme une forêt dont il eût fait régulièrement et à sa convenance tomber les arbres dociles préalablement répertoriés, qui ne demandaient qu’à se coucher à ses pieds. Jamais d’accident. Chaque jour avait sa coupe. Les layons étaient droits et la forêt sans mystère allongeait ponctuellement sur la couche spongieuse de son sous-bois moussu, ses futaies consentantes que d’autres dominaient, toujours prêtes à suivre quand il déciderait de leur tour.
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Depuis qu’il avait dénudé le corps de Claudine, il avait fait sienne la géographie de ces formes, s’y était enlisé complaisamment ; il prenait chaque jour les mêmes itinéraires sur les mêmes saillies des seins et de la croupe, furetait les mêmes sillons, pétrissait la même argile tiède de cet été de chair. Il était le maître de ce domaine, il s’y plaisait, il y trouvait tour à tour le plaisir de la course et celui du repos. Cette femme était à lui. Il en connaissait les moindres secrets, comme il en avait été des chemins de son enfance. Il s’y trouvait bien.
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fond, en la faisant jouir après qu’elle l’avait énervé, il avait l’impression, bien que l’ayant à sa merci, d’abdiquer et d’être frustré de sa vraie victoire de mâle, d’être en quelque sorte dupé et nargué. C’est pourquoi s’était fait jour en lui l’idée lente et tenace de tracer devant eux une voie nouvelle, irréversible et dure dans sa netteté, d’imposer sa marque à cette chair trop victorieuse dans sa soumission, qui se refermait sur lui comme la mer sur le plongeur, déchirée et violée dans un grand éclaboussement, mais étale et sereine la minute d’après.
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Mais le corps a des contraintes lourdes, basses, obscurément butées, où l’inintelligence de la matière laisse passer très haut, sans en être affectée, les flambées de l’esprit. Rien n’y fit. L’orifice resserré à disparaître et la douleur de son propre membre lui indiquèrent vite que les galops de hussard sont du domaine des rodomontades. Peutêtre, tendu comme il l’était, n’aurait-il pas hésité à la blesser. Mais le non-sens de se faire du mal à lui-même lui apparut, sans compter la perspective d’un échec même en prenant sa part de douleur.
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Sortir de l’amour classique et limité du couple. Faire des choses nouvelles, inconnues ou interdites. Risquer l’ennui, la douleur gratuite, le dégoût. Mais découvrir peut-être les sensations dont on sent qu’elles doivent exister et qu’on cherche comme la pépite dans le sable atone. Miser sur un numéro choisi avec soin mais menaçant d’inconnu et attendre que l’éclatement des sens dise qu’on a gagné ou qu’une amère lassitude emporte le jeton comme le rateau sec et froid du croupier.
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