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Critiques de Pierre Santoni (3)
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L'ultime champ de bataille

« Plus jamais ça », a-t-on entendu à la fin de la première guerre mondiale, et ses guerres de tranchée interminables. D’un côté, l’appel semble avoir été entendu : depuis les dernières décennies, les batailles rangées entre deux armées semblent avoir disparu de l’espace médiatique. Le potentiel démesuré de l’aviation et de l’artillerie lourde, et l’asymétrie technologique entre les différents camps en présence ont profondément transformé l’art de la guerre. Désormais, les affrontements passent par la guérilla, dans les grottes, les souterrains, ou au même milieu des civils.



Les combats en ville sont assez récents si on prend l’histoire dans son ensemble : on se battait dans les plaines, on tenait un siège, on se battait éventuellement sur les remparts, mais une fois ceux-ci tombés, l’affaire était pliée. Aujourd’hui, on a plutôt l’impression que les guerres se jouent justement à l’intérieur des villes ; les combats y sont usants, autant physiquement que psychologiquement, car derrière chaque fenêtre peut se cacher un danger. Le résultat est considéré comme plutôt « sale », et on peut se demander si il y a eu vraiment des progrès depuis les tranchées ; les images de villes en ruines répondent un peu à la question...



Les deux auteurs font un inventaire des grandes batailles urbaines de référence : Stalingrad évidemment, mais aussi Hué, Fallouja, Beyrouth, Sarajevo, Irlande du Nord, … Au-delà des différentes tactiques à employer sur le terrain, ce qui frappe le plus le néophyte que je suis, c’est l’extrême importance de la préparation des troupes : connaissances du terrain, équipements adaptés, troupes entraînées et commandement expérimenté et décentralisé, … L’expression « Qui veut la paix prépare la guerre » prend alors tout son sens.



Frappant également, la course à l’armement et à l’ingéniosité pour être toujours un cran devant l’adversaire. Là encore, le déploiement est impressionnant : des simples haches et échelles pour passer facilement les obstacles, aux lances-flammes, gaz toxique, détecteurs de mouvement, vision infra-rouge, drones, chars à lame dozer, … Le moindre détail peut permettre de faire pencher la balance.



L’ouvrage est vraiment passionnant à lire, même en ayant très peu de bases dans le domaine militaire. Les différentes guerres et opérations des dernières années prennent un tout autre sens. Si dans les médias, on entend plus guère parler que des bombardements pour les armées occidentales, on réalise à quel point la réalité est tout autre sur le terrain.
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L'ultime champ de bataille

Les éditions Pierre de TAILLAC nous avaient offert en 2015 « Clemenceau au front », un hommage au Père de la Victoire que j’avais beaucoup apprécié et c’est pourquoi j’ai profité d’une opération Masse Critique pour quêter « l’ultime champ de bataille » ouvrage dont la base line « combattre et vaincre en ville » actualise la devise de Saint Cyr « s’instruire pour vaincre ».



Analysant en historien les batailles du passé depuis la légendaire prise de Troyes, le chef de bataillon Frédéric Chamaud et le Colonel Pierre Santoni, analysent successivement les offensives historiques (Madrid 36, Budapest 44, Aix la Chapelle 45 et Fallouja 2005), les batailles défensives (Stalingrad 42, Hué 68 et l’Afghanistan 79 et 01), reviennent sur Grozny 95-00) et nous enseignent les invariants de la lutte urbaine et les évolutions apportées par la technologie ou les conceptions stratégiques et tactiques au fil des années.



Ayant combattus en ville, au milieu des civils, les auteurs décrivent les difficultés nées de l’absolue obligation de dissocier combattants et habitants (Beyrouth, Mitrovica, Belfast et Sarajevo) et témoignent de l’art français de la guerre que nous ont légué Gallieni et Lyautey.



Les progrès techniques ne remplaceront jamais (en combat urbain) les qualités opérationnelles de petits commandos animés par des soldats et des « caporaux » bien entrainés, motivés et autonomes.



Très didactique, et aisé à lire par un non spécialiste, cet ouvrage apporte une réflexion utile dans un contexte où notre armée est déployée en ville (opération sentinelle) pour éradiquer le terrorisme islamique.
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L'ultime champ de bataille

Comme cela m’arrive de temps en temps, je ne chronique pas seulement des romans mais aussi des bouquins plus académiques.

C’est le cas pour celui-ci, dont le sujet est la tactique militaire. Il est écrit par deux militaires français ayant l’expérience de terrain et celle des Centres d’entraînement.



Alors pourquoi cette lecture? Je ne suis pas militaire mais j’ai toujours porté un grand intérêt à l’Histoire qui n’est qu’un vaste champ de batailles. J’aurais bien aimé vous parler de fleurs et de Bisounours mais l’Homme étant ce qu’il est, c’est la guerre et ses soldats qui sont au devant de la scène.

Si je ne porte pas un culte béat aux fantômes du passé, tout en ayant conscience de la valeur de leurs sacrifices et de l’importance pour notre société actuelle de ne jamais les oublier, je pense aussi surtout à ces hommes et ces femmes, de chair et de sang, aujourd’hui, engagés, au service de leur pays, devant obéir aux ordres et qui, bien trop souvent, y laissent leur vie.



Nous ne faisons pas la guerre en 2017 comme nous la faisions du temps de Napoléon Bonaparte.

Et pour connaître la tactique militaire actuelle ou ce qu’elle est depuis le début du XXe siècle, il faut pour cela analyser ce qu’elle était avant. Cet ouvrage démarre donc avec un historique et des rappels de batailles célèbres illustrant les usages militaires de l’époque.



Les combats se déroulaient en terrain ouvert, tel des plaines: batailles rangées d’armées régulières.

On se souvient tous de certains jeux de société ou de films avec des bataillons au carré, bien ordonnés, de couleurs différentes, qui se font face avant la mêlée et le chaos.



Cette tactique était assortie de sièges: sièges des places fortes, sièges des villes accueillant le pouvoir politique. Une guerre des nerfs et d’usure s’engageait ainsi, ponctuée de raids, jusqu’à la reddition de la place assiégée exsangue ou d’arrivée de renforts extérieurs.



De là à dire qu’il n’y a jamais eu, jusqu’au XXe siècle, de villes détruites et de morts civiles est une hérésie totale car bon nombre de villages et cités ont été mis à sac, vandalisés, brûlés, accompagnant des massacres de civils, des viols et autres… mais la ville n’était pas un lieu de combat.



La vie militaire a toujours été un recueil de discipline, de règles, de codes, avec une hiérarchie et une chaîne de commandement que l’on retrouve pratiquement dans toutes les armées régulières.



Fait qui a changé avec les rebellions du peuple envers ses propres dirigeants, avec l’apparition de barricades et d’émeutes urbaines. Et la France en est le fer de lance avec ses différentes révolutions bien connues: impossible d’affronter sa propre armée sur son terrain donc on se bat avec les moyens du bord… en ville.



Nous ne sommes plus dans l’affrontement d’armées régulières, cela échappe donc à tous les codes jusqu’ici connus. L’adaptation est nécessaire, l’évolution est en marche…



Après un rappel historique, les auteurs vont analyser différents combats du XXe et XXIe siècle, de l’Irlande du Nord ou du Vietnam au Moyen Orient, de ces combats terriblement proches qui émaillent encore nos actualités.

La donne a changé.

On peut penser que l’avancée de la technologie a déshumanisé les rangs militaires mais il n’en est rien. Qui dit espace confiné, naturel ou urbain, dit que la plupart des armes d’importance sont inopérantes. Si drones, satellites ou caméras robotisées apportent un plus dans le renseignement, le soldat humain reste au centre des affrontements.

Avec davantage de prises de risque à cause de civils omniprésents: une opération bien préparée peut dégénérer à tout moment.

Le soldat doit être sur-entraîné, doit à chaque instant réactualiser ses infos, son environnement et son adaptation à la mission. Il doit avoir un esprit vif d’analyse et de synthèse, être réactif et prendre sans cesse des décisions en accord avec les ordres et le but de son déploiement, des décisions pour préserver sa vie, celle de ses frères d’armes et des civils.

Le prix de cette guerre moderne qui n’a plus rien de conventionnelle est très élevé: les séquelles psychologiques sont tragiques et viennent s’ajouter aux dommages « habituels » de toute guerre.

Les soldats et leurs chefs reçoivent maintenant une formation polyvalente, exigeante et pointue. Se battre dans le chaos n’est certes pas aisé quand chaque coin de rue recèle son lot de surprises.



Les auteurs parlent tactique, actions-réaction, matériel et technologique mais l’humain reste très important dans ce livre. L’évocation des combats que nous connaissons tous rend cette réflexion sur la guerre et ses règles très vivante et captivante.



Si ce n’est pas une lecture récréative, elle n’en est pas moins passionnante pour la passionnée d’Histoire et de géo-politique que je suis.

Elle reste très accessible à tous les néophytes ou non-militaires. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un ouvrage de vulgarisation toutefois, eu égard aux nombreuses références historiques et de documentation, à l’étude méthodique de certains combats.



Et quand je lis ce genre d’ouvrage de référence, je mesure à l’extrême l’engagement de nos armées dans le monde.

Et sur une note plus légère, avec cette lecture, je mesure l’ampleur du travail de recherche et de documentation que nous offrent certains auteurs dans leurs romans.

Oui, fallait bien que je revienne sur le terrain de nos lectures d’évasion!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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