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Citation de Henri-l-oiseleur


1656. La mise au ban de Spinoza.
C'est parmi eux [les Juifs ibériques réfugiés en Hollande] et, au-delà, au sein du marranisme ibérique que l'historiographie discerne les germes d'une forme de judéité identitaire ou la préfiguration du judaïsme laïque contemporain, qui n'existe alors à l'époque ni comme réalité sociale ni comme éventualité théorique. Ainsi certains de ces "hommes du doute", comme de ceux qui restent à l'écart de la synagogue, seraient malgré tout foncièrement attachés à la communauté et au judaïsme sans en partager l'intégralité du dogme et des rituels. Si l'on retrouve ce genre de figures dans la plupart des groupements religieux de la période, les historiens s'accordent néanmoins pour pointer l'incidence de l'expérience marrane sur le développement de ces tendances dans la Naçao (nation juive portugaise).

Car le crypto-judaïsme, qui imprègne les congrégations créées ex nihilo par les migrants de la péninsule ibérique, porte en lui cette dichotomie, cet élan du coeur qui dépasse le rite, entravé par la simulation et l'éloignement des sources de l'orthodoxie juive. Le marrane apparaît, selon la célèbre formule du spinoziste Carl Gebhardt, comme "un catholique sans foi et juif sans savoir, et pourtant juif de vouloir". Cette "scission marrane" entre les identités publique et privée, la primauté donnée au sentiment d'appartenance, à une mémoire et à une histoire collectives - alors fortement empreintes d'eschatologie - semblent dès lors annoncer le judaïsme laïque des siècles suivants, plus ethnique et culturel que cultuel.
p. 293
[Echo du roman médiocre de Rachel Kadish, "De sang et d'encre"]
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