Un témoignage rare (et donc important) sur le traitement des malades dans les asiles psychiatriques sous l'occupation allemande, qui tord le cou à de nombreuses conceptions ultérieures erronées, comme le fait que l'état de Vichy ou les psychiatres eux-mêmes auraient été complices de la famine qui a tué de nombreux malades, ou comme la prétendue innocuité totale de tous les traitements psychiatriques de l'ère pré-neuroleptique. Il n'est que de voir le nombre de guérisons (quelquefois provisoires, mais souvent aussi définitives) revendiquées par Scherrer avec le Cardiazol, l'impaludation ou les électrochocs pour se rendre compte que les asiles n'étaient pas que des hospices garde-chiourme, même s'il était en effet des affections contre lesquelles ils étaient à peu près impuissants, notamment la schizophrénie.
Le fait qu'il ait écrit ce livre dans les années 80, après sa retraite et après la "révolution neuroleptique" donne à ce livre une hauteur de vue rétrospective très intéressante, même si c'est parfois un peu technique et un peu trop détaillé, notamment concernant les cas individuels de malades.
Ce qui est sûr, c'est qu'on a affaire à tout sauf à un monstre qui se complait à faire des expériences sur les êtres humains : Scherrer était l'archétype du médecin humaniste, acharné à sauver et guérir un maximum de ses patients par tous les moyens à sa disposition.
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