Pierre-Yves Danzé

Mourir accidentellement est une chose, mais mourir par la faute d’un porc est une salissure. Le porc est l’incarnation de l’impureté dans le monde chrétien médiéval, qui hérite en cela de la mauvaise réputation qui lui avait été attribuée au Proche-Orient dans l’Antiquité. Il est associé à une foule de vices et de péchés, parmi lesquels la saleté et la gloutonnerie. Il devient ainsi l’allégorie du pécheur dans les décorations pédagogiques des églises. Les raisons de cette diabolisation du porc sont aussi obscures que lointaines. Dans la symbolique médiévale, il est vu comme un animal infernal car il ne regarde jamais ailleurs que vers le sol, à la recherche de n’importe quelle nourriture, fange, charogne ou excrément. Sans compter qu’il n’est pas doté de bons yeux, ce qui le fait errer sans but autre que son alimentation.

À toute chose malheur est bon, car il y en a un qui, par la grâce de cette invraisemblable série d’accidents, se retrouve le légataire tout trouvé de l’empire de Charlemagne : le troisième fils de Louis le Germanique, j’ai nommé Charles le Gros. L’homme a pour lui cette providentielle liste de morts intempestives et un improbable cumul de couronnes : royaume d’Italie, royaume de Francie orientale, et maintenant, en 885, royaume de Francie occidentale ! Ça y est, l’empire peut être reconstitué !

« Je n’ai jamais mieux goûté le bonheur d’être roi que le jour de mon sacre et depuis que je suis à Cherbourg. »
L’homme est trop heureux de son culot, de cette liberté redécouverte, du coup qu’il est en passe de réussir.