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Critiques de Prosper Alfaric (2)
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Jésus a-t-il existé ? : Et autres textes

Est-ce qu'aucun membre de BABELIO n'aurait lu ce livre, ou bien personne n'ose mettre de critique, favorable ou défavorable, parce que le sujet serait trop sensible ? Il est sûr que, aujourd'hui où tant d'intégristes aimeraient bien détruire toutes les religions pour que ne subsiste que la leur, il peut être dangereux de mettre en cause les fondements de la religion catholique. Mais est-ce une raison suffisante pour s'abstenir de rechercher la vérité ?

"Heureux celui qui croit sans avoir vu" certes c'est indispensable pour vivre la foi. Je veux bien ne pas être heureux, mais j'aimerais bien savoir. Je ne demanderais même qu'à croire, mais j'aimerais bien être sûr que je crois à la vérité !

C'est un prêtre qui a réussi l'exploit, alors que j'avais 13 ans, d'installer le doute en moi, doute qui ne m'a jamais quitté. Je lui avais demandé comment se fait-il que, au catéchisme, on nous apprenait que Dieu avait créé le monde en 7 jours,, et à l'école, que l'homme descendait du singe. Pour me répondre, il avait préparé un exposé d'une heure avec des tas de documents, exposé dont je n'ai rien retenu, si ça n'est sa conclusion : la création du monde en 7 jours, ça n'est qu'une image. Pas du tout convaincant. Pourquoi apprend-on aux enfants, cette création du monde en 7 jours comme quelque chose qu'on est obligés de croire, et faut-il ma question pour qu'on nous apprenne que ça n'est qu'une image ? Plus tard, j'ai réalisé autre chose : Jésus était-il le fils de Dieu, oui ou non. Sur ce point, s'il l'était, ce sont les Chrétiens qui ont raison, s'il ne l'était pas ce sont les Juifs. Il ne pouvait pas l'être à moitié pour satisfaire les 2 religions. Donc, ne serait-ce que sur ce point, l'une des 2 religions a l'un de ses fondements qui est faux.

C'est dans cet état d'esprit que j'ai abordé les écrits de Prosper ALFARIC, dont, en particulier, l'énorme question qu'il pose ici. Je sais qu'aujourd'hui, ses thèses sont considérées comme dépassées. Mais les thèses pour les contredire sont-elles plus crédibles ? J'ai été vraiment troublé par cette lecture, parce que, jusque là, je n'avais même pas imaginé que Jésus ait pu ne pas exister. Je laisse de côté, tous les arguments que chaque historien utilise à sa façon, et qui nécessiteraient une culture et une érudition hors du commun pour savoir qui dit vrai, avec, en particulier, le rôle qu'a pu jouer la Secte des Esséniens, au début du christianisme et ce qu'on doit réellement retirer des Manuscrits de la Mer Morte. Mais je retiens un seul argument troublant parmi ceux de Prosper ALFARIC : le fait qu'il n'existerait aucun texte d'un écrivain contemporain de Jésus, qui en parle. Les chercheurs semblent s'accorder aujourd'hui sur le fait que les Evangiles auraient été écrits bien après la mort de Jésus, et que la hiérarchie de cette nouvelle religion naissante aurait choisi, parmi de nombreux Evangiles, les 4 qui leur convenaient le mieux. Mais alors, peut-on concevoir que, parmi les foules qui suivaient toujours Jésus d'après ces Evangiles, il n'y ait jamais eu un seul écrivain qui relate immédiatement les mêmes faits, les mêmes miracles ? Le procès de Jésus, le rôle de Ponce Pilate, n'auraient-ils fait l'objet d'aucun écrit qui ait pu subsister, sauf les Evangiles ?

Aujourd'hui, j'ai vu par exemple comme "preuve" un tombeau où le père s'appelait Joseph, la mère Marie et le fils Jésus. "On a trouvé le tombeau du Christ". Tiens, s'il est monté au Ciel, comment a-t-il sa place dans un tombeau ?

J'émettrais bien une autre hypothèse, quoi que totalement gratuite : Jésus aurait-il pu exister physiquement, mais sans aucune envergure à son époque, et on aurait embelli sa vie par la suite, pour en faire le Fils de Dieu qu'on nous a enseigné ? Exactement comme si, au 22ème siècle, on allait embellir la vie du gourou du MANDAROM pour en faire un élu de Dieu et créer une nouvelle religion. Une vue des choses qui va être choquante pour certains, j'en ai bien conscience. Mais comment savoir si ça n'est pas ce qui se serait passé pour les Religions Chrétiennes ? En dehors de cette hypothèse dont je ne connais aucun élément qui viendrait l'étayer, et si Prosper ALFARIC avait raison malgré ses contradicteurs ? Et si, depuis bientôt 2000 ans, on s'entredéchirait, on se faisait la guerre, et si, depuis le même temps, autant de gens avaient consacré leur vie, pour quelque chose qui ne serait que le résultat des cogitations de quelques esprits mystiques au début de notre ère ? Aura-t-on un jour la réponse ? Me reste-t-il assez de temps, à moi, pour l'avoir, cette réponse ? En tout cas, ça n'est pas Prosper ALFARIC qui m'aura apporté une réponse suffisamment convaincante ! Réponse que je ne rejette pas pour autant, pas plus que les thèses contradictoires ! Prosper ALFARIC a, au moins, le mérite d'avoir posé le problème !

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De l'université aux camps de concentration

Professeurs et étudiants strasbourgeois, exilés à Clermont-Ferrand pendant la guerre, tous arrêtés pour suspicion de résistance (il me semble), beaucoup sont passés par le « 92 » (une caserne de Clermont transformée en prison) puis par le camp de Compiègne, c'est un peu l'expérience commune de base et ce qui sert d'introduction. Ensuite, les témoignages montrent un grand éventail d'expériences, certains ont été libérés juste après leur arrestation, d'autres ont été torturés par la Gestapo, ont voyagés dans le « train de la mort » et se sont finalement retrouvés dans différents camps.

On reconnait, dans ces témoignages, des sensibilités et des personnalités différentes, au-delà de la volonté d'objectivité exprimée dans l'introduction. Il y a des textes sobres, d'autres remplis d'une saine indignation, et je dois bien dire aussi, malheureusement, que le dernier texte, celui de Charles Hauter, qui n'est plus un témoignage mais la « Réflexion d'un rescapé » m'a paru colporter des rumeurs comme des vérités (cette fameuse histoire des peaux tatouées et des tibias récupérés par « caisses entières » pour faire des abat-jours et un « commerce fructueux »). En comparant les témoignages d'un même évènement, si connu et commenté, on comprend – peut-être mieux que les auteurs eux-mêmes qui n'en avaient pas forcément conscience au moment où ils écrivaient –, l'importance du choix des mots et de la focalisation.

Je pense qu'un lecteur d'aujourd'hui ne manquera pas de noter deux ou trois petites choses par rapport à ce qu'il a l'habitude de voir à ce sujet dans les documentaires récents. En premier lieu, les témoins de ce livre (publié en 1947, c'est important) ne font pas de cas spécifique des Juifs, à part ceux qui sont passés par Auschwitz. Et encore, ce n'est qu'une phrase ou deux, qu'ils éludent rapidement. Marc Klein, dont le témoignage très instructif est malheureusement coupé en trois parties pour s'adapter au plan du livre, après avoir écrit que « la majorité des détenus de Auschwitz I était constituée par des juifs venant de tous les pays de l'Europe, et c'est eux qu'on exploitait et qu'on exterminait au maximum », se dépêche d'ajouter : « on me permettra de ne pas insister sur ce point pour ne pas ranimer des rancoeurs superflues parmi ceux qui sont revenus de cet enfer ». Robert Levy est encore plus laconique : « si Birkenau a été le grand camp d'extermination des Juifs, il ne faut pas oublier qu'un nombre énorme de non-Juifs y fut également assassiné. » C'est tout. Quant aux autres témoins, ils sont davantage occupés par les nationalités, et en particulier le sort qui est réservé aux Français (ce qui est tout à fait normal, bien entendu).

Une dernière réflexion. Mais je crains encore de mal m'expliquer, au sujet de la psychologie des nazis. Il y a quand même énormément de points communs entre tous ces témoignages et l'un d'entre eux est sur l'organisation interne des camps et la relative absence des S.S. à l'intérieur. Une société complètement inédite s'était mise en place, avec une hiérarchie et des rivalités où non seulement les nationalités entraient en jeu mais également les catégories inventées par les nazis : prisonniers de droit commun, politiques, homosexuels, Tziganes, Juifs, etc. On peut dire que les nazis avaient détruits les anciennes valeurs pour en créer d'autres, aberrantes sans aucun doute, puisque ceux qu'ils appelaient les asociaux, c'est-à-dire parfois des criminels, étaient à la tête de ces petites sociétés. Presque tous les témoins de ce livre se plaignent de la malfaisance des kapos, qui étaient souvent de vieux prisonniers de droit commun allemands ou polonais. C'est tout à fait intriguant cette sociologie des camps et ça en dit long sur la mentalité des nazis, qui n'avaient « qu'un but, l'extermination du détenu par tous les moyens imaginables et, en attendant celle-ci, sa dégradation. Ils s'efforcent de le rendre haineux, mauvais pour ses camarades et dépravé. »
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