ATRÉE
Enfin ce jour heureux, ce jour tant souhaité
Ranime dans mon coeur l'espoir et la fierté.
Athènes, trop longtemps l'asile de Thyeste,
Éprouvera bientôt le sort le plus funeste ;
Mon fils, prêt à servir un si juste transport,
Va porter dans ses murs et la flamme et la mort.
EURYSTHÈNE
Ainsi, loin d'épargner l'infortuné Thyeste,
Vous détruisez encor l'asile qui lui reste.
Ah ! Seigneur, si le sang qui vous unit tous deux
N'est plus qu'un titre vain pour ce roi malheureux
Songez que rien ne peut mieux remplir votre envie
Que le barbare soin de prolonger sa vie :
Accablé des malheurs qu'il éprouve aujourd'hui,
Le laisser vivre encor, c'est se venger de lui.
ATRÉE
Que je l'épargne, moi ! Lassé de le poursuivre,
Pour me venger de lui, que je le laisse vivre !
Ah ! Quels que soient les maux que Thyeste ait soufferts,
Il n'aura contre moi d'asile qu'aux enfers :
Mon implacable coeur l'y poursuivrait encore,
S'il pouvait s'y venger d'un traître que j'abhorre :
Après l'indigne affront que m'a fait son amour
Je serai sans honneur tant qu'il verra le jour.