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Citations de Pupul Jayakar (9)


Je retournai le voir à la mi-février. Il me demanda si j'avais remarqué quelques changements dans ma manière de penser. Je lui répondis que je me sentais plus calme, que mon esprit était moins agité qu'auparavant. « Si vous tentez de vous connaître intérieurement, vous remarquerez que votre processus mental se ralentira, que votre esprit ne sera plus sans cesse en mouvement... » Après un silence, il (Krishnamurti) reprit: « Essayez de mener chaque pensée jusqu'à son terme ; c'est difficile, vous verrez, car dès qu'une pensée se présente, il en vient aussitôt une autre. » C'est vrai : chaque fois que je me suis efforcée de suivre une pensée, j'ai remarqué avec quelle rapidité elle vous échappe.Je lui demandai alors comment s'y prendre pour suivre une pensée jusqu'au bout. « Une pensée, dit-il, n'aboutit que lorsque celui qui pense se comprend soi-même, lorsqu'il voit qu'il ne fait plus qu'un avec sa pensée, que le penseur est la pensée, dont il se sépare pour se protéger ; de sorte qu'il émet sans cesse des pensées qui se transforment. »« Le penseur est-il distinct de ses pensées ? » Il y avait de longs silences, comme s'il attendait que ses paroles pénètrent en profondeur. « Retirez la pensée ; où est celui qui pense ? Vous ne le trouverez nulle part. Quand vous développez votre pensée (qu'elle soit bonne ou mauvaise) jusqu'à son terme - et c'est très difficile - votre processus mental se ralentit. Pour comprendre le soi, il faut le voir fonctionner, ce qui ne peut se faire que lorsque se produit ce ralentissement. Vous constaterez alors que vos jugements, vos désirs, vos jalousies, s'apaiseront dans une conscience devenue vide et silencieuse. » Je l'écoutais depuis un mois, et mon esprit était devenu souple, il n'était plus sclérosé ni durci. Je lui dis: « Mais lorsque la conscience est envahie de préjugés, de désirs, de souvenirs, peut-elle comprendre la pensée ? »« Non, me dit-il, car elle agit continuellement sur la pensée. Elle la fuit ou se construit sur elle. Si vous suivez une pensée jusqu'au bout, vous trouverez alors le silence. Un nouveau départ se produit alors. La pensée qui naît de ce silence n'est plus mue par le désir, elle émerge d'un état qui n'est plus encombré par le souvenir. Mais si, de nouveau, la pensée qui survient n'est pas menée à son terme, elle laisse un résidu. Il n'y a alors pas de nouveau départ, et l'esprit est encore une fois tenu captif par une conscience qui est la mémoire, liée au passée, à hier. Ce qui importe, conclut Krishnaji, c'est de mettre un terme au temps. » Je n'avais pas compris, mais je le quittai en gardant ses paroles vivantes au-dedans de moi.
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Il n'y a pas de réponses aux questions sur la vie. L'état d'esprit de celui qui s'interroge est plus important que l'interrogation elle-même. Si la question est pertinente, elle n'aura pas de réponse, parce qu'elle aura suffi à ouvrir la porte. Mais si la question ne l'est pas, on trouvera le moyen de résoudre le problème, et on restera dans la servitude. Car celui qui interroge est l'auteur de sa servitude.
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L'année 1956 fut celle du Bouddha Jayanti*, et, à cette occasion, le gouvernement indien invita Sa Sainteté le Dalal Lama à venir visiter les sites sacrés du Bouddhisme. On avait demandé à Apa Sahib Pant, haut fonctionnaire des Affaires étrangères, qui était alors représentant de l'Inde au Sikkim, de l'accompagner pendant son pèlerinage. Ils voyagèrent dans un train climatisé, avec une nombreuse suite.

Chef religieux et temporel du Tibet, le Dalal Lama, âgé alors de vingt ans, était une figure mystérieuse. C'était la première fois qu'il quittait son pays, où seuls quelques lamas l'approchaient et où sa vie était soumise à un strict protocole.

Quand il arriva à Madras en décembre, Apa Sahib Pant avait proposé à cette incarnation vivante du divin de rencontrer Krishnamurti, qui se trouvait à ce moment-là à Vasant Vihar. Apa Sahib lui avait parlé de sa vie et de son enseignement extraordinaire. Le jeune moine s'était écrié : « c'est un Nagarjuna**! » et avait exprimé le vif désir de le connaître. Dans l'entourage du Dalai Lama, on considérait que cette visite était contraire au protocole, mais comme celui-ci avait insisté, la rencontre eut finalement lieu.

Selon les mots d'Apa Sahib, « Krishnaji reçut le Dalai Lama avec une grande simplicité. Nous fûmes stupéfaits de voir une sympathie magnétique s'établir aussitôt entre eux. Le Datai Lama demanda: "En quoi croyezvous?" et une conversation presque par monosyllabes s'engagea ; il y avait une communication entre eux qui se passait de discours. Le jeune Lama se sentait en terrain familier. En rentrant à la résidence du gouverneur, il confiait : "C'est une grande âme, une grande expérience pour moi." Il souhaitait avoir l'occasion de revoir Krishnamurti.
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Voir « ce qui est » est certainement difficile. Comment peut-on observer clairement ? Une rivière qui rencontre un obstacle ne reste pas inactive, elle détruit l’obstacle par son poids, le surmonte, se glisse sous ou à travers lui. Elle n’est pas immobile, elle ne peut qu’agir, elle se révolte intelligemment, pourrait-on dire. C’est cela qu’il faut faire : accepter intelligemment ce qui est. Pour percevoir ce qui est, il faut un esprit de révolte intelligent. Éviter un obstacle exige une certaine perspicacité. Mais, le plus souvent, on est si pressé d’atteindre le but qu’on se précipite en se heurtant aux obstacles ou bien on se brise contre eux, ou bien on s’épuise dans cette lutte.

Reconnaître la corde pour ce qu’elle est n’exige aucun courage, mais la prendre pour un serpent et alors l’observer, demande du courage. Il faut douter, chercher toujours, reconnaitre le faux pour ce qu’il est. L’intensité de l’attention donne la force de voir clairement : vous verrez, cela viendra. Il faut agir. L’essentiel, je crois, est d’avoir une vue claire, car c’est déjà là une action, cela fait agir.

Il faut surtout un voir très clair en soi-même ; alors, soyez-en sûre, tout s’arrangera. Soyez lucide et vous verrez les choses s’organiser d’elles-mêmes pour le mieux. Ce qui est bien n’est pas ce qu’on désire. Il faut accomplir une mutation complète, non seulement dans les grandes choses, mais aussi dans les petites. Cette mutation faite, ne vous installez pas. Gardez intérieurement la marmite sur le feu.
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Krishnaji eut la visite d'Anandmai Ma, qui était à ce moment-là la plus célèbre des « Mères » déifiées (ce sont des femmes qui, de leur vivant, ont transcendé le soi et sont devenues l'incarnation de Shakti, la Mère primordiale, qui est l'énergie divine). Ils se rencontrèrent dans le jardin, car la Mère ne pénétrait jamais dans une maison particulière. Elle ne parlait pas anglais, et elle s'exprima avec un interprète. Sa présence était souriante et rayonnante. Elle dit à Krishnamurti que, bien des années auparavant, elle avait vu une photographie de lui et s'était dit qu'il était un être exceptionnel. « Pourquoi ne voulez-vous pas qu'il y ait des gurus ? demanda-t-elle, vous qui êtes le Guru des Gurus... »
« On se sert des gurus comme d'une béquille », répondit-il.
« Les gens viennent par milliers pour vous écouter, insista-t-elle. Cela signifie que vous en êtes un. » Il lui tint doucement la main et ne répondit pas.

De nombreux visiteurs survinrent et se prosternèrent aux pieds de Krishnamurti et d'Anandmai Ma. Celle-ci accepta leur salut, mais Krishnaji était gêné. Comme toujours, il ne permettait pas que l'on s'incline devant lui, mais, se levant d'un bond, il touchait les pieds de celui qui demandait sa bénédiction.
Après le départ d'Anandmai Ma, Krishnaji parla d'elle avec chaleur et affection. Il y avait eu communication entre eux, même si celle-ci avait été en partie muette. Toutefois, il avait été horrifié par les femmes qui l'entouraient, qu'il avait trouvées idolâtres et hystériques.
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Il n'y a pas de réponses aux questions sur la vie. L'état d'esprit de celui qui s'interroge est plus important que l'interrogation elle-même. Si la question est pertinente, elle n'aura pas de réponse, parce qu'elle aura suffi à ouvrir la porte. Mais si la question ne l'est pas, on trouvera le moyen de résoudre le problème, et on restera dans la servitude. Car celui qui interroge est l'auteur de sa servitude.
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En Inde, le nom de la plupart des maîtres spirituels est précédé d'un titre comme Maharshi, Acharya, Swami, ou Bhagwan. Krishnaji n'a jamais accepté cette marque de respect. Lorsqu'il parle de lui dans ses dialogues ou son journal intime, il se désigne par la lettre « K », ou bien utilise le « nous » impersonnel pour indiquer l'absence du « Je », l'ego individuel. C'est pourquoi, lorsque je parle de l'homme ou du maître de façon impersonnelle, je le désigne par Krishnamurti ou « K ».
Krishnaji accepta de dialoguer avec moi, et ces dialogues constituent une partie du livre ; leur rédaction repose en grande partie sur les notes que j'ai prises pendant ou aussitôt après ces entretiens. A partir de 1972, certains d'entre eux ont été enregistrés au magnétophone.
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A la fin des années cinquante, JIDDU KRISHNAMURTI, ou Krishnaji comme il est appelé en Inde et par ses amis dans le monde entier, me suggéra d'écrire un livre sur sa vie à l'aide des notes que j'avais prises depuis notre première rencontre en 1948. Ce livre a été commencé en 1978. Je me suis efforcée de montrer ce qu'était l'homme et aussi le maître, et de décrire les rapports qu'il a entretenus avec les hommes et les femmes qui ont été ses disciples en Inde. Ce livre est centré sur les séjours de Krishnaji dans ce pays, de 1947 à 1985, mais l'évocation de ses années de jeunesse s'est révélée nécessaire pour aider à comprendre le déroulement de l'histoire du jeune Krishnamurti.
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JIDDU KRISHNAMURTI, à ma connaissance, est, à l'exception du Christ, l'homme qui a témoigné le plus d'abnégation. Il est fondamentalement si simple à comprendre qu'on voit bien pourquoi ses mots et ses actes, clairs et directs, ont engendré la confusion. Les hommes répugnent à accepter ce qui est facile à saisir. Je ne l'ai jamais rencontré, et pourtant il n'y a aucun autre homme au monde que j'aurais été aussi honoré de connaître », écrit Henry Miller
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