Les survivants qui revenaient, on ne les laissait pas parler. Ils étaient des ombres sur le ciel bleu. Même moi, je me souviens, on me faisait taire : "Allez ! Allez ! On ne parle plus de ça, on parle de l’avenir !" Certaines personnes m’ont même dit : "Tu as de la chance d’être restée en vie, alors tais-toi !" Au-delà du chagrin des témoignages, c’était autre chose qu’on ne voulait pas concevoir. Le pays préférait oublier son histoire. Ignorer que les Français ne furent pas tous résistants. Que, ce matin de juillet 1942, ce n’était pas l’ennemi allemand qui était venu nous chercher, mais bien des policiers français.