Dans la cour de l’école : Hé, Jordan ! Tu vas chercher Kevin et Dylan ? L’affligeant résultat de l’influence des séries américaines sur des parents ni très inventifs, ni très originaux, qui trahissent ainsi le râtelier culturel déjà démodé par lequel ils ont nourri leur esprit et dont ils se sont servis pour donner une indentité à ce qu’ils ont – j’ose l’espérer – de plus cher.
Un exercice pour l’esprit et un exercice rédactionnel : juxtaposer des vocables en suivant scrupuleusement l’ordre de l’empilement des idées dans l’esprit, voilà une noble activité, et passionannte. Et, c’est sans parler du fait que tantôt de-ci, de-là, émergent au détour d’un alinéa de petites merveilles graphiques et de menues perles de sens. Pour tout cela, j’aime vous écrire.
Cependant, à aucun moment on ne pouvait surprendre le majestueux cèdre manifester le moindre intérêt pour l’apathique ballet humain qui se déroulait à son pied. Il se contentait de déployer ses lourdes branches, horizontales et noires, et de goûter lascivement au fruit liquide et enivrant de la photosynthèse, que lui envoyait dans un flux continu le sombre duvet de son feuillage.
Il est des jours où je vois les hommes laids. Tant par leur corps qu’au fond de leur cœur. Il en est d’autres où je les trouve beaux. Et j’ai l’intuition que quand ils me plaisent, je puis déduire que je me sens bien, et inversement. Puis, je me demande : me servir d’eux pour jauger l’état de mon âme, n’est-ce point leur accorder un trop bel honneur ?
Hors d’atteinte, éternelle et parfaite, sa conviction flottait dans le silence d’un espace infini. Un infini de possibles, qui, du bout des lèvres, promettait désormais de perdre petit à petit son aspect effrayant et lugubre : promettait de se laisser apprivoiser.
Ci-dedans réside toute la beauté et tout l’intérêt de l’objet humain : dans le subtil balancement entre le fait d’avoir la certitude de pouvoir s’appréhender lui-même et celui d’être sûr de n’y parvenir jamais.