Vénus, ici, invite à la mort, non plus aux délices de la vie. Quant à l'incendie, enfin, qui rougeoie à l'extérieur, le sens en parait clair. Il marque le moment où l'allégorie de la mélancolie cesse de signifier le destin singulier d'un individu pour s'abolir dans le drame d'un destin collectif. Otto Dix peint ce tableau au moment même où, à la faveur de la crise économique, de l'effondrement du mark et de la montée du chômage qui atteint quatre millions de jeunes travailleurs, le parti nazi, qui, en 1930, devient le second parti d’Allemagne, va entraîner à brève échéance la chute de la république de Weimar. C'est tout un monde, en réalité, qui sombre dans cet incendie, par-delà la mélancolie singulière d'une sorcière inassouvie.
Jean Clair, à propos du tableau "Mélancolie" 1930.
A la manière d'un reporter et avec une étonnante acuité, Dix analyse l'univers sordide des maisons closes. Il peint les choses telles qu'elles sont, sans porter de jugement moral sur ce qu'il voit, mais en répertorie les principaux aspects.