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Citation de coco4649


Orphée. Eurydice. Hermès.


Extrait 3

Et c'est de là qu'ils sont arrivés.
En tête l'homme svelte en manteau bleu,
muet, qui semblait s'impatienter au devant.
Son pas dévorait le chemin sans mâcher ;
ses mains pendaient lourdement
et, jointes, hors du tombé du tissu plissé,
elles ne savaient plus rien de la lyre légère,
qui s'enracinait dans la main gauche
comme un rosier grimpant dans la branche d'olivier.
Et ses sens semblaient dédoublés :
sa vue courait vers l'avant comme un chien,
retournait, repartant toujours plus loin
pour attendre posté au prochain virage —
son ouïe se retirait comme une odeur.
Parfois il paraissait y avoir une incidence
sur la marche des deux autres,
qui devaient poursuivre toute cette montée.
Et puis revenait l'écho de son ascension
vent du manteau en arrière.
Mais il s'est dit qu'ils arriveraient quand même ;
se l'est dit à haute voix quand il s'entendit se taire.
Ils arrivaient certes, mais tout deux dans
un silence glaçant. S'il avait pu
se retourner (si ce regard en arrière
n'avait pas signifié la décomposition de toute
l'œuvre accomplie) il aurait dû apercevoir
ces deux tranquilles le suivre en silence :

le dieu de la marche et du message à distance,
son casque de voyageur sur des yeux clairs
précédé du bâton filiforme
ailes battantes aux chevilles ;
et sur sa gauche : elle.


/Trad. Patrick Beurard-Valdoye
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