Je redoute tant la parole des hommes.
Ils expriment tout de manière si claire:
et cela c'est un chien, et cela s'appelle une maison,
et voici le début, et la fin est là-bas.
M'inquiète aussi leur esprit, leur jeu avec la raillerie,
ils savent tout ce qui sera et qui fut;
ils ne s'émerveillent plus d'aucune montagne;
leur jardin et leur terre confinent directement à Dieu.
Je veux toujours mettre en garde et défendre : restez à distance.
J'écoute si volontiers les choses chanter.
Vous les touchez : elles sont immobiles et muettes.
Vous me tuez toutes les choses.
Œuvres poétiques et théâtrales, trad. Marc de Launay, Gallimard, coll. Bibliothèque de La Pléiade, 1997, p. 121-122.