Dans le silence
Dans le silence un ajustement reste à faire
entre nos positions et le retard
de moins en moins abstrait
figé devant une porte
toutes les armoires se disloquent
les animaux descendent
et notre temps est un tambour de pas.
on sonde (à mains nues) certaines généalogies
— fin réseau dentelles déchirant les doigts
— avance son assurance guerrière
mon manque d’expérience les similitudes flagrantes
reconnaissant
une évidente tendance à occuper du ciel
ou comment simplifier ces images-tombeau
franchir la barrière
quelque chose comme un visage vaque là
enlevé
faisant rentrer la fraîcheur
des draps albumine :
ton corps j’oublie que c’est toi
et cette maladresse que je veux à tout prix quitter
est-ce ? oui. la même matière ?
De longues tranchées
De longues tranchées coupent le chemin devant chez nous.
Des batelières et bateliers en retirent de grandes cosses
sèches tombées de l’arbre.
Elles sont oblongues, noires et sèchent. Ils vont les coudre
ensemble pour rassembler leurs bateaux.
Au bout de l’allée l’eau bout, les yeux voient, les mains dans la terre.
Nous allons aux confins où la vitesse épuise ses propres copies.
La terre avait glissé sur elle-même
La terre avait glissé sur elle-même en pleine nuit, les murs ne
faisaient plus maison.
Une porte fendillée, hors des gonds m’est tombée dessus.
Nous la hissons sur le sommet de la tête, épaules courbées.
Elle s’effritait, nous empoussiérait , il nous restait dans les
mains des fibres dégagées que mon père roulait en cordées,
qu’il allongeait à terre.
Nous avions pris tant d’images, qu’il nous a été impossible
d’apparaître.
Dans chacune le geste continuait, malgré les bords.
Une froissure d’or sur les murs
Une froissure d’or sur les murs. Les formes viennent par l’œil.
Il n’obture pas malgré la mécanique.
Avec les enveloppes des plantes, des animaux
il n’y a pas assez d’os
mais les enfants continuent à ramasser des crinoïdes.
Ils deviennent translucides posés sur nos meubles.
Une langue avec abri dedans
qu’on voit avec le corps
qu’on danse avant de parler.
Une si large bande d’yeux
Une si large bande d’yeux
les animaux regardent à l’intérieur le cercle s’élargit.
Une forêt de secret
conforte nos matières irrégulières.
La lumière mâche et fond tous les dégels possibles
des heures qui frisent les murs, les allées de pollen
comblant les collines.
À l‘instant où le cou lutte encore un peu pour la jeunesse.