Je voudrais tout comprendre, être libre et rentrer tard à la maison, mais je crains mon père. Lui, il craint tout : la liberté, la vie, la féminité. "N'oublie pas ! Ne traîne pas dans la rue ! On a affaire à une bande de sauvages. Si tu es arrêtée, tu vas en prison et tu seras violée!" me sermonne-t-il chaque matin.
Le viol est sa plus grande terreur; être née fille, ma plus grande erreur. Quant à la liberté, c'est la chasse gardée des hommes. Mais me voilà habillée en garçon et, sous le prétexte de la pièce de Tchekhov, dehors jusque tard. Je me leurre de la sorte.
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