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Critiques de Randy Lofficier (7)
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Les Survivants de l'Humanité

Une belle couverture et un univers très attractif .

Le genre qui fleure bon la science-fiction post apocalyptique de l'époque révolue de la guerre froide.

Un monde ravagé , les hommes se sont réfugiés dans des abris alors que ici la guerre continue et que la démocratie n'est pas au gout du jour ...

Ils arpentent des univers étriqués dans lequel les apparences sont souvent trompeuses .

La surface est interdite et ici la guerre est souterraine .

Les opérations sont conduites par des spécialistes de cette guerre souterraine , cette problématique est bien scénarisée et elle affiche une portée dramatique qui fait son petit effet.

L'auteur met en branle un univers avenant , le « Pitch « .. les thématiques je veux dire , sont assez standards , mais l'agencement du récit est avenant , bien rythmé , varié .

On voit autant de pays , que l'on se pose de questions sur l'univers et sur le destin des personnages , celui des sociétés également .

Les récit de cette époque mettent en scène des univers véritablement attractifs , des univers typés , et ils ont un charme fou pour certains , notamment des anciens comme , L'autoroute Sauvage de Julia Verlanger ou les deux « A » hommage , de Thomas Géha , ou aussi Cygnis de Vincent Gessler , récent hommage réussi , à cette époque révolue et au parfum souvent très pathétique , dangereux , dramatique et délurée pour ce qui est des univers.

L'auteur avait mis ce texte en suspension.

Il a été repris par lui-même et par Rivière Blanche et désormais publié , il donne au lecteur l'impression agréable , que le temps s'est arrêté dans les années 60- 70.

Alors ce n'est pas mauvais , mais dans le style , dans le traitement des articulations du récit , ou encore dans l'approche des personnages , et dans l'enchainement des rencontres , il y a des limites très nettes . Elles limitent et bornent clairement la portée de ce texte et la capacité du lecteur à s'impliquer dans cet univers et dans ce roman.

Des fois le récit plafonne assez haut et plus souvent assez bas.

Je ne trouve pas que c'est une bonne lecture tranquille et confortable car le texte est en plus assez désagréablement naïf ( structure du texte et vocabulaire ) , des fois c'est complètement insupportable.

Par contre , c'est incontestablement , une assez bonne lecture jeunesse , enfin je le suppose.

Voilà , dommage pour moi .

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Blue Amazon Wonder Woman

Ce tome est le dernier d'une trilogie : (1) Superman's Metropolis paru en 1996, (2) Batman: Nosferatu paru en 1998. Celui-ci est initialement paru en 2003, coécrit par Randy & Jean-Marc Lofficier, dessiné et encré par Ted McKeever, avec une mise en couleurs réalisée par Chris Chucky. Cette trilogie a été rééditée dans Elseworlds: Justice League Vol. 2.



Metropolis est une ville en paix : grâce au règne bienveillant de Super-Man, la ville a gagné en lumière, en beauté et en harmonie, en même temps que Nosferatu maîtrise les ténèbres. Le présent est radieux. Lois Lane continue de présider à la reconquête urbaine, avec l'aide de l'architecte en chef Trevor-Son. En ce jour, ils étudient les écrits de Jon Kent, le fondateur de la ville. Dans les archives de la ville, ils retrouvent un vieux rouleau qui indique qu'elle a été fondée par 3 personnes : Jon Kent, Lutor et une dernière dont le nom n'est plus lisible du fait d'une encre éclaircie par le temps. Trevor-Son indique qu'il est temps pour lui de partir, car il a un rendez-vous. Lois Lane a bien remarqué ces rendez-vous bihebdomadaires très réguliers, mais elle ne pose pas de question. Trevor-Son se rend dans les quartiers chauds de Metropolis et pénètre dans un établissement appelé Palais des Péchés, tenu par le docteur Psykho.



Dès qu'il a passé la porte, il est accueilli comme un habitué, sous le nom de monsieur Smith, et on le mène à sa table. Sur la scène, un clown maquillé à faire peur est en train de raconter une blague gore à base de clown tout en tirant en pleine tête sur un autre clown qu'il tient dans les bras. La salle reste sans réaction à ses tentatives d'humour noir et ne commence à montrer de l'intérêt que lorsqu'il annonce qu'il va céder la place à Diana, l'amazone bleue. Une belle femme vêtue d'un corset, de bas, de chaussures à talons, d'une culotte et d'un chapeau haut de forme entre en scène, baignée d'une lumière bleue. Elle se met à interpréter une chanson pleine de désespoir, qui touche l'âme de tous les hommes présents. Certains quittent la salle, incapables de supporter une telle émotion. À l'extérieur, une forme mi-femme, mi-animale se manifeste dans une zone désaffectée. Sur la scène, le clown annonce que Diana va céder la place aux danseurs à la rose dorée. Les hommes se lèvent et essayent d'attirer l'attention de Diana, mais elle les ignore. Trevor-Son se rapproche d'elle. Un videur lui barre le chemin, mais Diana lui fait signe de le laisser passer. Le docteur Psykho entre dans la salle et indique à Diana qu'il est l'heure de sa prestation spéciale. Profitant d'un moment d'inattention, Trevor-Son les suit quelques moments après, en proie à la curiosité.



Après un hommage à Metropolis (1927) de fritz Lang, et à Nosferatu (1922) de Friedrich Wilhelm Murnau ainsi qu'à Le cabinet du docteur Caligari (1920) de Robert Wiene, le même trio d'auteurs rend hommage à L'ange bleu (1930) de Josef von Sternberg, avec Marlene Dietrich. Le lecteur retrouve donc un homme de la société bien établi qui va s'encanailler dans un tripot où se produit une belle femme en petite tenue, et chantant divinement bien. Néanmoins, il ne suit pas ses élèves, et il est architecte. Sa relation avec elle ne suit pas non plus le schéma du film. Dès qu'il entame la bande dessinée, le lecteur observe également que le trio d'auteurs a été rejoint par un quatrième : Chris Chucky. Ce n'est donc pas Ted McKeever qui réalise la mise en couleurs de ses planches, et la différence est sensible. Chuckry opte pour un rendu plus infographique, et moins organique, s'éloignant d'une ressemblance avec la gouache. Il utilise beaucoup les dégradés de couleurs, sans en rajouter dans le nombre de teintes, mais avec une impression finale très différente. Les dessins mis en couleurs ne dégagent plus cette impression de matière palpable, de textures. Le résultat final évoque plus un comics de superhéros classique, dont les traits encrés sont rehaussés par une mise en couleur ajoutant du relief bien poli par les dégradés, des effets lumineux, avec une approche très naturaliste. Il n'y a que par moment où Chris Chuckry s'en tient à une couleur dominante pour une scène, à commencer par le bleu baignant Diana, ou le rouge orangé pour sa prestation spéciale.



Du fait de la colorisation, le lecteur doit faire un effort pour retrouver l'approche expressionniste de Ted McKeever dans ses dessins. Effectivement, il a choisi un registre plus descriptif. Ce n'est que par intermittence que la mise en images glisse vers un mode de représentation moins naturaliste : les abords des quais en premier plan qui sont plus constitué de formes abstraites pour un enchevêtrement de matières, la fraise servant de col au clown très griffonnée comme si sa tête était sur un plateau, la silhouette de Cheetah aux contours quasiment fluide pour évoquer sa grâce féline, la silhouette de Nosferatu se fondant dans la nuit pour rappeler qu'il s'agit d'une créature des ténèbres, l'entassement des créatures se rebellant sur la cité des Cieux, et plusieurs visages déformés au-delà de toute ressemblance avec la nature humaine. Pour le reste, Ted McKeever revient dans un registre de narration visuelle plus classique, mais en conservant un encrage des contours très pâteux et irréguliers. En fonction de sa familiarité avec cet artiste, le lecteur pourra trouver qu'il dessine un peu bizarrement avec des formes trop irrégulières et pas toujours respectueuses de l'anatomie, ou au contraire trouver qu'il s'est trop assagi et que la narration s'en trouve affadi. Malgré tout, la narration visuelle reste encore éloignée d'une production industrielle mensuelle.



Représentée par Ted McKeever, Diana est une femme à la carrure épaisse, à la forte musculature et au visage assez masculin. Le lecteur ne peut pas la voir comme un objet du désir. Cheetah appartient clairement à la catégorie des monstres, le produit d'une expérience génétique, avec un corps aux contours fluctuant du fait d'une dégénérescence en cours. Le docteur Psykho semble échappé du film Freaks de Tod Browning. En étant passé dans un registre plus descriptif, l'artiste ne ménage pas sa peine. Il commence par une vue panoramique de Metropolis sous un ciel radieux, termine avec un bataillon en provenance des entrailles de la cité, en étant passé par une armée de créatures ailées. Il sait aussi passer dans un registre plus suggestif, par exemple pour la prestation spéciale de Diana avec un fouet, pour la dimension sexuelle et dominatrice de Diana, ou pour celle plus animale et incontrôlée de Cheetah. Même s'ils ne suivent pas la trame de l'Ange Bleu, les scénaristes en reprennent effectivement la fibre sexuelle au travers de Diana. Mais leur intrigue se focalise plus sur ce qu'elle apporte à Metropolis. Le lecteur familier du personnage de Wonder Woman a la surprise de voir que les époux Lofficier en ont une connaissance plus que superficielle. Il y a bien l'île du Paradis, mais aussi l'utilisation du rayon pourpre et la présence de présence de Paula von Gunther qui ramène aux origines du personnage. D'ailleurs avec un peu de recul, il apparaît qu'ils complètent leur trilogie avec le troisième personnage de la trilogie des superhéros les plus emblématiques de l'éditeur DC Comics, en mettant en scène comment ils se complètent dans une sort de trinité.



Le lecteur se retrouve rapidement happé par cette dernière composante qui vient compléter Metropolis (Superman) et sa ville souterraine (Batman). Randy & Jean-Marc Lofficier effectuent un retour en arrière, évoquant un trio de scientifiques ayant travaillé ensemble, un sorcier, un architecte et un donneur de vie. Le récit passe alors dans un registre entre le conte et la mythologie, l'héritage de Diana venant apporter les éléments manquant à la société de Metropolis pour qu'elle retrouve une dynamique équilibrée. D'ailleurs, le lecteur se rend compte qu'il vaut mieux qu'il passe en mode Conte dans sa façon d'aborder la lecture car la narration présente des aspects bizarres, à commencer par le fait que Super-Man n'ait jamais pensé à relever la tête, n'ait jamais remarqué qu'il y a une île flottante au-dessus de Metropolis. De même, il vaut mieux ne pas s'interroger sur la logique de la société dans l'île du Paradis, ou sur la quantité de soldats qui en descend. Le lecteur éprouve également quelques difficultés à concilier les convictions de Super-Man, Nosferatu et Wonder Woman avec les actions qu'ils entreprennent vis-à-vis des amazones. Tout d'un coup, il n'est plus question de conciliation ou de trouver un mode de vie coopératif : on est dans l'affrontement basique, la bonne vieille guerre où il faut triompher de l'ennemi.



Ce dernier volet de la trilogie présente le même attrait que les autres : une référence à un film mythique utilisé pour donner une saveur générale au récit dans lequel les auteurs se livrent à une relecture libre d'un superhéros emblématique de DC. À la lecture il en va autrement : les dessins sont moins expressionnistes et plus concrets, la mise en couleurs est plus ordinaire et l'intrigue s'achemine rapidement vers un déroulement très banal d'histoire de superhéros. Il reste l'incarnation de Diana, très forte et puissante, un ange bleu avec des valeurs morales plus admirables. Au final, cette trilogie présente plus de bons côtés que de mauvais. Randy & JM Lofficier ont fait bon usage de la licence artistique que leur donne le concept Esleworlds. Ils ont su marier l'esprit de films d référence du début de l'histoire du cinéma, avec des individus dotés de capacité extraordinaire, avec le fil rouge de la ville de Metropolis. Les dessins de Ted McKeever font montre d'une forte personnalité, à même de s'émanciper de l'esthétique superhéros, pour des visions plus originales, adaptées à la nature des récits. 4 étoiles pour ce troisième tome, 4 étoiles pour la trilogie.
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Robur, Tome 1 : De la luneà la Terre

Je devrais être normalement satisfait après la lecture de Robur car il s’agit d’un hommage appuyé à l’un de mes auteurs préférés à savoir Jules Verne. Oui, je devrais… Mais je ne le suis pas !

Bien sûr, l’originalité est présente dans ce monde steampunk qui nous présente une époque où l’Histoire et les révolutions technologiques se sont accélérées suite à l’invasion des sélénites : rien que cela ! De la Terre à La Lune …



C’est bien beau d’imaginer de tel univers. Je ne vais pas objecter l’argument fallacieux de la crédibilité car c’est hors de propos dans ce type d’aventure de science-fiction. Il y a quelque chose d’impersonnel et froid qui est d’ailleurs souligné par le graphisme tiré d’un vulgaire ordinateur. On nous présente une aventure digne des comics des années 60 mais sans le charme désuet.



Il est vrai que cette coexistence de vaisseaux flottants dans le ciel de New-York et de ses dirigeables genres Zeppelin n’arrive pas à nous convaincre. Pire encore, on ne vibre pas aux péripéties de tous ces personnages à commencer par Robur. On se croirait réellement dans une très mauvaise série Z avec un manque impressionnant d’inventivité et d’originalité malgré les décors tape à l’œil. L’écrin ne fait pas tout …
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Batman: Nosferatu (Elseworlds)

Ce tome contient une histoire complète de type Elseworlds. Il y apparaît plusieurs personnages déjà présents dans Superman's Metropolis (1996). Il est initialement paru en 1999, coécrit par les époux Randy & Jean-Marc Lofficier, dessiné, encré et mis en couleurs par Ted McKeever. Ces 2 récits ont été complétés par un troisième : Blue Amazon Wonder Woman (2003), réalisé par les mêmes créateurs. Ces 3 récits ont été réédités, avec d'autres, dans Elseworlds: Justice League Vol. 2.



Après le décès de Lutor, Superman et l'équipe de Lois ont commencé à entreprendre d'importants travaux de rénovation urbaine, même si la distinction de classes sociales subsiste. Dans un bel immeuble d'acier, Bruss Wayne-Son et Dirk Gray-Son sont en train de s'entraîner en tirant des poids. Dirk rappelle à Bruss qu'ils doivent assister à un spectacle de psychomancie le soir même. Même si Bruss n'ajoute pas foi aux dires du docteur Arkham, tous les gens qui comptent seront présents. Dans une des rares tours de Metropolis où peu de personnes osent entrer, l'échevin Gord-Son s'entretient avec le docteur Arkham. Il lui demande de mettre fin à ces séances de psychomancie, car elles sont souvent suivies d'une vague de suicides. Le docteur Arkham se défend que ces séances ne font que mettre à jour des secrets déjà existants, qu'elles ne les créent pas. Gord-Son s'en va sans avoir obtenu gain de cause, mais en promettant à Arkham qu'il trouvera bien un moyen d'y mettre un terme. Le soir venu, le tout Metropolis se presse au Cabinet du docteur Arkham pour assister à la séance. Bruss Wayne-Son est présent, ainsi que le chancelier Hender-Son, Ol-Son, Strange-Son, et même la journaliste Vikki Vale. L'échevin Gord-Son est également présent, accompagnant sa fille Barbara Gord-Son.



Le docteur Arkham entre en scène, accompagné de 2 assistants qui amènent l'Homme-qui-rit, enchaîné à un plateau de bois redressé. Arkham explique que l'Homme-qui-rit a été réveillé de son état catatonique et que son hystérie schizophrène lui permet de voir le futur. Il propose qu'un membre de l'assistance pose une question. Ol-Son demande qu'elle sera la une du lendemain. L'Homme-qui-rit prononce un seul mot : Mort. Une fois le spectacle terminé, Arkham soliloque en face de l'Homme-qui-rit, évoquant la manière dont il a été assemblé par Lutor avant son décès, à partir membres des patients d'Arkham. Un individu sort de l'ombre pour demander à Arkham si tout s'est bien passé avec Gord-Son. Il répond qu'il constitue un danger potentiel. L'individu indique qu'il faut y remédier. Arkham libère l'Homme-qui-rit de ses chaînes et celui-ci fait apparaître des griffes effilées à l'extrémité de ses doigts et sort sur les toits pour aller assassiner Gord-Son.



Après le premier tome de la trilogie paru 3 ans auparavant, le lecteur retrouve avec plaisir cette atmosphère étrange. Le titre annonce clairement le film auquel le récit rend hommage : Nosferatu (1922) réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau. L'emploi du terme de cabinet pour le spectacle du docteur Arkham met la puce à l'oreille du lecteur qui se rend compte que les auteurs rendent également hommage au film Le Cabinet du docteur Caligari (1920) réalisé par Robert Wiene. Il remarque également que les époux Lofficier ne sont plus assistés par Roy Thomas et effectivement la narration s'en trouve allégée d'autant, les coscénaristes n'ayant pas recours à des cellules de texte contenant des extraits des films. Enfin, alors qu'il s'attend à découvrir une version vampire de Batman, sous forme d'une transposition littérale de Nosfertu, lui-même une adaptation officieuse et non autorisée du roman Dracula (1897) de Bram Stoker (1847-1912), il découvre une histoire qui n'a que le nom comme rapport avec le film. Randy & Jean-Marc Lofficier tirent pleinement parti de la liberté offerte par les récits Elseworlds dont le principe est de réimaginer un personnage classique de l'univers partagé DC, dans un autre contexte pour en faire une nouvelle version.



Effectivement les coscénaristes piochent dans la mythologie de Batman, en utilisant des noms familiers un peu déformés. Le lecteur comprend qu'il voit apparaître des versions différentes de James Gordon, Dick Grayson, Barbara Gordon, Vikki Vale, ou encore Jimmy Olsen. Les Lofficier ont choisi de refusionner Metropolis et Gotham en une seule ville, Metropolis correspondant à ses beaux quartiers, ou ceux en passe de le devenir, Gotham étant les quartiers enténébrés, abritant les populations infréquentables pour différentes raisons, aussi bien des criminels que parias comme les individus internés dans l'asile d'Arkham. Le lecteur se lance tête baissée dans le jeu de l'identification et des comparaisons, mais il se rend compte que le fonctionnement du récit ne repose pas sur ce jeu et que les coscénaristes profitent pleinement de la liberté qui leur est donné. Ainsi le lecteur voit apparaître Bane le temps de 2 pages, pour tenir le rôle du coupable tout désigné, sans qu'il ne réapparaisse par la suite. Alors qu'il pensait avoir bien compris les règles du jeu et être à même d'anticiper le déroulement de l'histoire, de voir venir les révélations plusieurs pages à l'avance, le lecteur se rend compte que les Lofficier racontent une histoire originale, se servant des personnages connus pour créer des résonances, sans se sentir prisonniers des versions originales.



L'intérêt de l'intrigue ne réside donc pas dans le processus de transformation de Bruss Wayne-Son en une variation de Batman. En fait, ce processus s'intègre dans l'intrigue de manière organique sans en devenir l'élément principal, reléguant tous les autres en arrière-plan. Dès la première page, le lecteur plonge dans une atmosphère étrange, avec un environnement baignant dans une technologie qui continue d'emprunter à celle du film Metropolis (1927) réalisé par Fritz Lang, sur un scénario de sa femme Thea von Harbou. En fait l'histoire s'ouvre sur un dessin, ou plutôt une peinture en pleine page, montrant le sigle de la chauve-souris sur un ciel gris, et des tiges à épines s'enroulant autour d'un mât. Il s'en suit une autre peinture en double page où les gratte-ciels sont un peu de guingois, sous un pâle soleil qui n'arrive pas à dissiper la grisaille. Les dessins de Ted McKeever décrivent bien des lieux, mais avec l'utilisation d'une licence artistique entre poésie et expressionnisme. Il ne s'agit pas d'une bande dessinée muette, ni même en noir & blanc. La robe de Barbara Gord-Son est rouge vif soutenu, et une prostituée à une chevelure rousse. Mais l'artiste ne se sent pas tenu par la verticalité ou des perpendiculaires bien droites. Il compose certains environnements en les tordant, en y installant un élément décoratif signifiant ou un peu incongru, pour inspirer une réaction émotionnelle. L'architecture de la tour servant d'asile ne fait pas vraiment sens, mais elle évoque bien la spirale des pensées s'enroulant sur elles-mêmes, prisonnières d'une logique défectueuse.



Ted McKeever use de la même licence artistique pour représenter les personnages. En surface, ils présentent d'étranges caractéristiques morphologiques : un menton trop effilé, ou de guingois et asymétrique, des épaules tombantes, un cou inexistant, des sourcils aussi épais qu'une moustache, une taille aussi fine qu'une cheville, une dentition avec trop de dents, etc. Cependant ces représentations répondent à une logique interne cohérente du début jusqu'à la fin. Le lecteur ressent qu'il s'immerge dans une vision entre réalité et songe macabre, une partie de ce qu'il voit correspondant plus à un ressenti qu'à une description clinique. Cette forme de narration visuelle permet également de remettre en cause la manière dont le lecteur perçoit a priori les personnages qu'il connaît déjà. Super-Man devient un être anthropoïde étranger, indéchiffrable même s'il est a priori animé de bonnes intentions. L'Homme qui rit n'est plus un être humain, mais il ne ressemble pas à la créature de Frankenstein pour autant. Les civils ne sont pas déformés dans leur représentation au point d'en devenir des monstres, mais assez pour que l'existence de l'Homme qui rit et des autres soit visuellement plausible. Les représentations de l'artiste font ressortir ce qu'il peut y avoir de grotesque dans un individu, avec une connotation inquiétante : en fonction de son état d'esprit, le lecteur peut y voir une vision macabre, ou parfois sarcastique à en devenir moqueuse.



La narration visuelle transporte donc le lecteur dans un temps révolu, avec quelques éléments gothiques. Il essaye d'anticiper l'intrigue, sachant pertinemment qu'il s'agit d'une histoire d'origine pour un Batman alternatif, mais en étant souvent dérouté par l'emploi inattendu très limité qui est fait du film donnant son titre au récit, par l'emploi des personnages issus de la mythologie de Batman conformes ou à contre-emploi, et par l'intrigue très linéaire et peu surprenante. Il lui faut prendre un peu de recul pour que cette genèse de Batman prenne du sens, pour que son existence trouve son sens dans cette ville Metropolis/Gotham à 2 facettes. Randy & Jean-Marc Lofficier indiquent que tout aussi solaire qu'il soit, Super-Man ne peut pas être le héros ou le représentant de tous les habitants de la mégalopole, ce qui devient ainsi une évidence.



Le lecteur se lance dans cet ouvrage avec une idée bien claire de ce qu'il va trouver. Il retrouve effectivement les dessins distordus de Ted McKeever qui relève d'une approche expressionniste douce, en phase avec la nature du récit. Il progresse dans une intrigue classique et prévisible, mais qui fait un usage surprenant des ressources de l'univers de Batman pour arriver à un éclairage inédit de la justification de son existence. 4 étoiles pour un récit un peu court.
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Superman's Metropolis

Ce tome comprend une histoire complète initialement parue en 1996, écrite par les époux Randy et Jean-Marc Lofficier, aidés par Roy Thomas, dessinée, encrée et mise en couleurs par Ted McKeever. Cette histoire prend place dans le cadre des "Elseworlds", c'est-à-dire des versions alternatives des superhéros de DC. Ici il s'agit d'une version alternative de Superman qui assure le rôle principal dans une transposition du scénario de Thea von Harbou et Fritz Lang pour le film Metropolis (1927). C'est le premier tome d'une trilogie réalisée par Randy et Jean-Marc Lofficier et Ted McKeever, complétée par Batman - Nosferatu (1999, transposition du film Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau) et Wonder Woman - Blue Amazon (2003, amalgame de "The Blue Angel" de Josef Von Sternberg et de "Doctor Mabuse - The Gambler" de Fritz Lang).



A Metropolis, les prolétaires servent de main d'œuvre dans la ville basse (voire souterraine) pour faire fonctionner une machine sans âme appelée Moloch qui assure le fonctionnement de la métropole. Dans la ville haute (littéralement dans les étages supérieurs à l'air libre), les nantis jouissent de tout le confort et se prélassent en goûtant au luxe. Une femme appelé Lois prend sur elle d'amener des enfants d'en bas, dans les jardins d'en haut pour qu'ils puissent contempler cette vie idyllique. Elle prêche aux prolétaires en indiquant que bientôt viendra un individu qui servira de médiateur entre les 2 classes et qui travaillera à l'amélioration de leurs conditions de vie. Lors d'une de ces visites, elle se retrouve face à Clarc, le fils du maire ingénieur de la ville. Fort intrigué, celui-ci décide de descendre en bas pour voir comment vivent les ouvriers. À force de fureter, il découvre parmi les affaires de son père un étrange sigil en forme de S.



Quel étrange projet ! L'absence de Roy Thomas dans les 2 tomes suivants indique qu'ici il apporte sa caution linguistique aux Lofficier. Il est d'ailleurs possible d'identifier dans les cellules de texte sa propension à écrire dans une forme pseudo littéraire qui, ici, s'avère adaptée, donnant de l'ampleur au récit. Les époux Lofficier écrivent donc une adaptation du scénario de "Metropolis", en intégrant le personnage de Clark Kent / Superman. Les connaisseurs du film pourront constater que cette transposition est très fidèle aux débuts du film, jusqu'à l'organisation de la révolte. Le lecteur retrouve la partition entre ville haute et ville basse, entre nantis et prolétaires. La machine à alimenter est aussi terrifiante que dans le film, une forme d'allégorie sur la société qui doit être animée par les individus qui la compose, qui les vampirise. Il retrouve également l'apparence de pouvoir dont jouit le maire, alors qu'un architecte tire les ficelles dans l'ombre. Il y a également cette femme qui souhaite une évolution politique de cette société qui se fasse dans la concertation, plutôt que dans la violence d'une révolution. Tout cela est très respectueux du matériau original, Superman n'apparaissant que dans le dernier tiers de ce récit de 64 pages. Le lecteur retrouve également les visuels les plus mémorables du film, des ouvriers manipulant les aiguilles en fonction des injonctions des ampoules de couleurs, jusqu'au robot féminin Maria.



L'intérêt de cette lecture réside dans la narration plus moderne que celle du film de 1927. Lofficier et McKeever n'ont pas transformé Metropolis en une ville clinquante et rutilante, ou Maria en une humanoïde aux courbes sexy, mais les 64 pages les obligent à concentrer leur récit, à imposer un rythme plus rapide, et les textes de Thomas permettent de conserver la solennité du film.



Ted McKeever a une approche graphique très personnelle et très marquée. Il ne cherche pas à être réaliste ou minutieux, mais plutôt à transcrire les sensations et les impressions. Cela commence avec la ligne d'horizon de Metropolis où tous les profils d'immeuble sont représentés avec une courbure qui ne doit rien à l'éloignement. Cela transparaît également dans les chevelures, bien coiffées, mais avec une texture qui évoque parfois un matériau rigide. Lors des scènes de foule, les figurants ne sont qu'esquissés sous forme de silhouette, sans aucun trait distinctif. Dans les premières scènes om il apparaît, le visage de Lutor est mangé par une ombre défiant toute source de lumière réaliste.



McKeever utilise la peinture pour installer une ambiance dans chaque scène, sans représenter systématiquement les arrières plans. Il reprend avec respect quelques plans du film, telle la séquence où le spectateur découvre des ouvriers en train d'essayer de maîtriser des aiguilles d'horloge. Il utilise le langage corporel de Lois pour faire apparaître son altruisme, son don de soi à la cause de l'amélioration de la société. Il n'y a finalement que le robot Maria pour lequel il ne réussit pas à transcrire son aspect métallique et sa beauté froide.



Contre toute attente, l'association de 2 scénaristes français, d'un rédacteur américain et d'un dessinateur expressionniste aboutit à une transposition du film "Metropolis", très fidèle à l'esprit de l'œuvre, tout en constituant une réelle bande dessinée, et pas un simple collage d'images du film avec une narration pesante. En particulier, Lofficier, Thomas et McKeever savent montrer les habitants nourrissant Moloch au prix de leur santé, devenant toujours plus proches de l'état de robots privés d'émotion, comme une métaphore du prix à payer pour entretenir une société dont les lois ne semblent faites que pour assurer sa pérennité et non le bonheur des individus qui la composent.
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Brigade temporelle, Tome 1 : La Guerre du G..

Une valeur sûre de cet été !
Lien : http://www.bdencre.com/2016/..
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Robur, Tome 1 : De la luneà la Terre

Du steampunk. Des références qui prouvent la culture de l'auteur.

OK, mais je me suis ennuyé.
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