Personnellement, je sens que c'est l'ultime fois que je vois le Laos, un des plus beaux fleurons de l'Indochine française. J'ai apprécié son peuple, sa joie de vivre, son sens de l'hospitalité et la franche collaboration qu'il nous a apportée dans notre lutte contre les Japonnais. Les laotiens ont deux patries : le Laos et la France. Espérons que dans les jours, les années à venir, nos successeurs leur rendent ce qu'ils nous ont donné si généreusement, cet amour fraternel, humain qui a fait si chaud à notre cœur dans les moments difficiles que nous avons passé ensemble. (p. 224)
En faisant un retour en arrière, coloniaux civils et militaires nous devons admettre avoir certainement commis dans nos principes de colonisation de graves erreurs. Nos administrateurs civils qui sortaient des grandes écoles coloniales métropolitaines n'avaient pas connu la vie des colonies. Nos militaires qui sévissaient dans toutes les colonies ont commis les uns comme les autres de graves erreurs de placer sur le même plan de civilisation les peuples d'Amérique, d'Afrique et d'Asie. Ils se sont imposés et ont agi sans tenir compte en priorité des différences sociales, religieuses, familiales, intellectuelles qui existaient entre ces trois continents et entre ces différentes ethnies. (p. 101)
Dans ce journal, je m'abstiendrai de donner des noms, cela n'apporterait rien à mon récit, mais les morts civils et militaires qui sont restés en terre indochinoise constituent la preuve des erreurs politiques et de l'incompétence notoire de certains chefs. (p. 31)