Les nus de Bonnard
Son épouse. Quarante années durant il la peignit.
La peignit encore et la repeignit. Le nu de la dernière toile,
le même jeune nu que celui de la première. Son épouse.
Telle qu'il se la rappelait jeune. Telle qu'elle était, jeune.
Son épouse au bain. À sa coiffeuse
devant le miroir. Dévêtue.
Son épouse, les mains sous les seins
regardant le jardin par la fenêtre.
Le soleil prodiguant chaleur et couleur.
Tout ce qui vit s'épanouit là.
Elle jeune et frémissante et tellement désirable.
Quand elle mourut, il peignit encore un peu.
Quelques paysages. Puis mourut.
Et on le coucha près d'elle.
Sa jeune épouse.