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Citation de lanard


De nos jours lorsque quelqu'un dit "c'est de la littérature", il n'entend pas par là faire un éloge et cela va tellement de soi que l'expression est devenue courante chez les "littérateurs" eux-mêmes. Pourtant, devant un tableau, personne n'exprimera son mépris en disant "c'est de la peinture", devant une statue "c'est de la sculpture", devant un maison "c'est de l'architecture". On voit par ce dernier exemple qu'il doit y avoir, à l'origine de ce jugement péjoratif "c'est de la littérature", quelque contradiction cachée.
A vrai dire, ce sont les littérateurs eux-mêmes qui saisis par je ne sais quel orgueil masochiste, par je ne sais quel appétit d'autopunition, ont commencé à déblatérer contre leur art. Cela commença avec la fin du romantisme, lorsque le "bourgeois" devint roi et que le savant devint prince. Les littérateurs comprirent bien alors que le romantisme et la poésie n'inspiraient plus que dégoût ; ils en convinrent ; et ne trouvèrent rien de mieux, pour gagner les suffrages du public, que de se déguiser en "savants". Le roman devint un document sociologique, une observation médicopsychologique, et les romanciers entrèrent à l'Académie de Médecine. Zola écrivit "Le roman expérimental". La poésie devait disparaître et le théâtre devenir soutenance de thèse.
En face des scientifiques, les postromantiques, poussés à bout, inventèrent l'art pour l'art qui, isolant définitivement la littérature, la réduisit à des jeux d'oisifs et aux amertumes des génies méconnus (cette singulière invention des temps modernes). Cependant là, la forme survécut, bien parfois privée de tout contenu ; l'estime pour le métier subsista et le goût pour la véritable littérature, mais le tout à la fois un peu fade et un peu faisandé.
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