Régine Colliot

La stupéfaction l'envahissait à mesure qu'elle marchait sous des péristyles de marbre ou de jaspe, aux couleurs délicates, bordés de jardins clos plantés d'arbustes aux essences odorantes et inconnues, qu'elle avançait dans des galeries pavées de pierres polies, de carreaux diversement colorés ; dans les parois, des arches creusées laissaient entrevoir le ciel d'un bleu radieux, au-dessus d'arbustes aux petites fleurs blanches qu'elle ne connaissait pas ; elle saurait plus tard que c'était le jasmin dont elle respirait l'odeur nouvelle et grisante. Partout des entrelacs en stuc blanc semblaient reproduire les signes d'une écriture énigmatique.

Enfin on déboucha sur une cour plus vaste aux colonnes de marbre vert ; au centre, une large vasque ronde recueillait l'eau crachée par la gueule de huit lions en porphyre rouge ; quatre grands massifs de myrtes taillés ondulaient à ras du sol sous la brise. Plusieurs personnages étaient assis sur un amoncellement de coussins de brocart dans une des galeries ; derrière eux, des arcs de céramique découvraient des appartements intérieurs aux plafonds ornés de longs pendentifs de stuc.

Un homme vêtu de samit bleu, à la barbe noire, aux mains chargées de bagues, la tête coiffée d'un turban de soie agrafé d'une pierre étincelante, pinçait dans sa bouche l'extrémité d'un long tuyau aboutissant à un vase d'argent finement ciselé ; il était assis, les jambes repliées sur un matelas de satin blanc ; l'expression de sa figure était calme, lointaine.