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Citation de zenzibar


Paysage de neige sous la Lune

« L’hiver était doux et il n’a pas neigé en l’an dingwei, mais le trois de la première lune de l’an wuhen, la neige se mit à tomber jusqu’au cinquième jour et un vent glacial l’empêcha de fondre avant le dixième.

Cette nuit, la Lune apparut et rivalisa d’éclat avec la neige.

Assis à ma fenêtre tendue de papier, je fus frappé par une inhabituelle clarté ; je m’habillai pour monter à l’étage du petit pavillon qui domine la rivière à l’ouest, au-dessus d’un vide cristallin. Tout à la ronde était enrobé de neige, comme couvert de laque argentée ou inondé de mercure et il en montait une lumière éblouissante aux reflets miroitants. »

« La Lune se réfléchissait sur cet ondoiement radieux, les ombres des arbres dansaient comme l’image gracieuse de cheveux épars reflétés par un miroir.
Le froid m’imprégnait la peau, sa pureté me pénétrait jusqu’aux entrailles.
Appuyé à la balustrade, je levais la tête et tout n’était que vague, je la baissais et tout n’était que flou, j’étais bouleversé sans comprendre, j’ouvrais grands les yeux sans rien voir.

Mon esprit se fondait dans le paysage, notre rencontre était un prodige. Sans doute le Ciel m’avait-il transporté au pays de la pureté originelle ; je ne saurais, je le crains, le capter dans une peinture ou le décrire par des mots pour le représenter à ceux qui n’ont pu le voir avec moi ; l’évocation serait infidèle.

Je me dis qu’il y avait alors dans l’empire des paysages célèbres encore plus vastes, que la Lune et la neige y étaient encore plus célestes.

J’eus envie d’enlacer la Lune pour voler dans tous les confins et revenir en son sein. Mais une randonnée dans l’infini est malaisée, mes forces ont décru avec l’âge, je ne supporte plus le froid . Lorsque je redescendis, en chantant dans mon exaltation, on avait déjà battu le tambour de la deuxième veille. Je rentrai m’asseoir à ma fenêtre, seul comme si rien n’existait plus pour moi.

Je ne reverrai sans doute plus jamais un semblable spectacle et j’oublie à mesure que les jours passent, aussi je prends mon pinceau pour le noter avant que ma mémoire ne me trahisse. »

(p. 896 1 427-1 509 Shen Zhou dynastie Ming)
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