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Citation de Sycorax


Nous vivons désormais dans un monde régi par des logiques hygiénistes et prudentielles. Nous, les Occidentaux modernes, nous nous faisons une idée très étrange de la vie humaine : pour nous, l'Homme serait un être individualiste et rationnel, qui cherche toujours à gagner davantage d'argent et à maximiser son confort. Nous sommes devenus indifférents à nos traditions. Nous valorisons le pacifisme et la tolérance. Nous cherchons à refouler la mort et la violence. Nous donnons de plus en plus d'importance à l'éducation alors que paradoxalement le niveau réel des élèves s'effondre, car nous n'avons plus le sens de l'exigence et de la discipline nécessaire à toute vraie instruction. Nous nous intéressons de plus en plus à l'écologie alors que nous n'avons jamais été aussi éloignés de la Nature qu'aujourd'hui.
Les cinq piliers de notre imaginaire social sont : le droit, le marché, l'assurance, la technologie, la pharmacie. Notre culte pour les sorties, les fêtes, les vacances et le tourisme complète le tableau. Or, cette vision que nous nous faisons de l'homme est erronée puisqu'elle ne concerne même pas 5 % des êtres humains de la planète. Et dès qu'une menace semble surgir, comme la Covid-19, nous sommes désemparés. [...]
Avant les épidémies étaient reçues avec fatalisme, car elles semblaient inéluctables. Mais plus nous avons développé nos moyens médicaux, plus nous avons vaincu d'épidémies (nous avons par exemple éradiqué la variole), plus les épidémies qui résistent à notre volonté nous paraissent insupportables. Le professeur de philosophie suisse Enzo Santacroce voit dans le confinement une ambition quasi prométhéenne : « Ces mesures de prudence résultent d'un orgueil à rester maître, à vouloir éradiquer la mort et la souffrance de la condition humaine, des réalités aujourd'hui intolérables, mais qui étaient encore acceptables en 1968 au moment de la grippe de Hong Kong.» Et tant pis si, pour cela, il faut mettre l'économie en veille, comme en manière de pénitence.
Le fait qu'une maladie aussi peu mortelle ait pu paralyser le monde est inquiétant. Que ferons-nous le jour où nous serons confrontés à une maladie nouvelle aussi contagieuse (voire davantage) mais avec une létalité beaucoup plus élevée (par exemple de 20 ou de 40 %) ?
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