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Citation de Tempsdelecture


En visionnant les clichés, Turpin se souvint des mots de Kartadze. Attendez-vous à découvrir un paysage de ruines. La plupart des photos avaient été prises à l'intérieur de bâtiments déglingués. Des salles de bains aux carrelages fendus. De grandes chambres au parquet arraché. Du matériel médical vieillot, gravé de caractères cyrilliques. De vieux téléphones. Le diplomate crut reconnaître une immense salle de théâtre dont tous les fauteuils avaient perdu leur cuir. Une salle de bal, aussi, aux murs noircis. L'ensemble produisait une impression d'absolue dévastation, comme au lendemain d'une bataille.

- Comment savez-vous que ces clichés ont été pris à Tskaltoubo ? demanda Turpin. Vous en êtes sûr ?

Le visage de Shenguelia se crispa dans un rictus à la fois gêné et douloureux. Il semblait hésiter à poursuivre.

- J'en suis certain. J'y ai moi-même vécu, lâcha-t-il.

Comme le diplomate ne disait rien, il se força à continuer.

Les mots sortaient difficilement.

- Ma famille... Nous sommes des réfugiés d'Abkhazie. Vous savez, à la chute de l'URSS, il y a eu une guerre terrible. Les Abkhazes, dont le territoire faisait pourtant partie de la Géorgie, ont voulu leur indépendance. Ils étaient soutenus par l'armée russe. A la fin des combats, les Géorgiens de souche ont dû s'enfuir. Plus de deux cent mille réfugiés... A l'automne 1993... Ma grand-mère, ma mère et moi, nous étions parmi ceux-là. Le gouvernement ne savait pas ou nous mettre. On nous a dispersé ici et là. Pour nous, ça a été Tskaltoubo. Avec des milliers d'autres. Les sanatoriums étaient vides depuis deux ans. Alors on nous a parqués là. Sans aide, sans rien. On avait tout perdu.
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