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Citation de SZRAMOWO


– Ma sœur Pascale, vous avez les yeux rouges.
– Pas d’avoir pleuré... C’est l’air qui est vif, ce soir.
– Oui, et puis la fatigue de la classe, n’est-ce pas ? Vous vous tuerez, sœur Pascale !
Une voix jeune, inégale, avec des trous creusés par la fatigue, répondit :
– Elles sont si gentilles, mes petites !... Et au bout de huit jours, aucune ne penserait plus à moi,... ni peut-être personne au monde.
Et elle riait.
Un murmure de mots prononcés à peine, avec des hochements de tête, et qu’on sentait avoir été dits souvent, enveloppa de tendresse sœur Pascale : « Enfant !... Quand serez-vous raisonnable ? Vous voulez vous faire dire qu’on vous aime... Croirait-on qu’elle vient d’avoir vingt-trois ans aujourd’hui ?... Aujourd’hui même, 16 juin 1902. Vous le voyez, tout le monde sait votre âge. »
Un contentement d’être ensemble, d’être au calme, de s’aimer les unes les autres, leur vint à toutes. Et celle qui avait l’autorité, levant les yeux au-delà de la cour, vers les maisons distantes et leur bordure de ciel, dit :
– Il fait bon respirer. Comme on calomnie notre air lyonnais ! Ça sent la campagne, vous ne trouvez pas ?
Dans le silence de quelques secondes, tous les yeux se levèrent, les poitrines lasses ou malades aspirèrent la joie de l’été, que la ville n’avait pas toute bue et détruite. Et il y eut plusieurs de ces âmes, adoratrices et reconnaissantes pour le reste du monde, qui remercièrent secrètement.
Elles étaient cinq femmes, cinq religieuses, en costume gros bleu, voile noir et guimpe blanche, dans le préau de l’école, allée cimentée, protégée par un toit, et qui s’étendait, derrière la maison, tout le long de la cour de récréation.
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