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Le besoin d'art est unanimement ressenti de nos jours. Des milliers de visiteurs se pressent chaque jour dans les plus grands musées du monde : Louvre, Rijksmuseum, Prado, National Gallery…
Les ouvrages sur l'art sont légion. Chaque exposition sort son catalogue, souvent très cher, et les visiteurs achètent, les images sont magnifiques, les textes d'historiens de l'art sont savamment rédigés.
Faut-il comprendre la peinture ? Il suffit de regarder, de ressentir, cela peut suffire pour apprécier, connaître et finalement aimer, pensons-nous.
Nous pouvons tous discerner le beau. Nos divergences sont nombreuses. Nous ressentons notre propre « beau ». Pourtant nous sentons bien qu'il nous manque quelque chose, nous marchons à l'aveuglette.
Pour comprendre, pour que notre pensée se dirige dans la bonne voie, une orientation est nécessaire. Les obstacles sont nombreux et tiennent à de nombreuses causes. Installés face à une oeuvre d'art nous ne considérons pas les mêmes choses. Devant un « Greco » beaucoup se plaignent que le corps est trop long, les membres trop grêles ou le cou démesuré. On pourrait penser la même chose des personnages de Modigliani : le cou et le visage s'allongent, le regard est vide. Certaines têtes s'inclinent comme des fleurs trop lourdes sur leur tige, les corps sont stylisés, dépouillés. Les murs de « L'église d'Auvers » de van Gogh ne sont pas droits, les jointures de la toiture plient, se tordent. La force des couleurs et des lignes déformées donne un rythme à cette église que l'on comprend mal.
Chaque personne à sa propre vision. Certains voient un ensemble de rapports plastiques lorsque d'autres cherchent une reproduction de la vie réelle. Nous voyons pourtant le même tableau. « Des goûts et des couleurs », dit-on.
L'ouvrage de René Berger est riche, complexe, il tente d'expliquer. Il nous prend par la main et nous parle de ce qui fait une oeuvre d'art : la ligne, l'espace, la couleur, la lumière, la matière, sa construction, son mouvement, son rythme, son harmonie. En s'appuyant sur ses différents éléments l'auteur propose de démontrer comment le spectateur peut se mettre en état de trouver le chemin de la valeur esthétique. Pas simple…
Cet ouvrage ne s'adresse pas aux spécialistes, aux historiens de l'art, mais au public, aux simples spectateurs qui se posent des questions devant une oeuvre. le livre ne juge pas car cela appartient à la liberté de chacun. Il ne propose pas une méthode à qui estime que l'objet de cette méthode n'a pas de raison d'être. Pourtant cet état d'esprit est surtout dû à des préjugés et à des ignorances qui souvent empêchent de voir ou font voir autre chose. Un comportement approprié peut être nécessaire.
À la fin de l'ouvrage, l'auteur propose des applications, des études d'oeuvres clairement décrites : Renoir et « le Moulin de la Galette », Titien et la « Vénus et la musique » ou Picasso et « Guernica ».
Le voeux de l'auteur : que ce livre fût à sa manière un « discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans ce qui touche à l'oeuvre d'art. »
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