Pourtant son exaltation tomba assez vite et pour deux raisons. D'abord les frais d'admission dans la loge de Nuremberg joints à ceux qu'entrainaient le voyage et le séjour dans cette ville dépassaient les moyens du jeune professeur. Les Francs-Maçons de Nuremberg qu'il mit au courant de cette difficulté l'adressèrent bien à Munich où se trouvait une Loge de la même obédience et qui se déclarait prête à le recevoir, mais là aussi les frais de réception étaient trop élevés pour lui. D'autre part les livres traitant de Franc-Maçonnerie qu'il arriva à se procurer lui causèrent une profonde déception. Il fut très désappointé d'y trouver imprimés tous les grades et d'apprendre que c'étaient bien là les grades authentiques. Avec le mystère s'évanouit le charme qu'exerçait la Franc-Maçonnerie sur son imagination échauffée; en outre les grades qu'il eut l'occasion de lire ne répondaient pas à l'idéal qu'il s'était formé .
Au mois de juillet 1784 fut signé un accord aux termes duquel Knigge remettait tout ce qui lui restait des papiers de l'Ordre et s'engageait à garder le silence sur tout ce qui s'était passé, à ne pas travailler contre les intentions philanthropiques de l'Ordre et à ne pas nommer ou compromettre ses chefs.
En revanche l'Ordre promettait de démentir, par une circulaire adressée à tous les frères à partir du grade d'Illuminatus Minor, tous les bruits défavorables et faux qui avaient couru sur son compte et lui délivrait un Demissorium portant les signatures du duc de Saxe-Gotha et du comte Jean-Martin de Stolberg.
Pourtant Weisbaupt, se rendant compte qu'Ajax finirait par concevoir des soupçons, résolut de lui enlever, par un coup de surprise, les papiers compromettants dont il était détenteur. Sur son ordre Zwack se présenta à l'improviste chez Massenhausen, au mois de février 1778 et tout en feignant de le plaindre et de blâmer la dureté de leur chef, il lui réclama, au nom de Weishaupt, les lettres et les papiers dont le confident disgracié aurait pu se faire une arme.
Le candidat devait répondre à toutes ces questions en engageant sa parole d'honneur. Il devait, en outre, rédiger sans aucune réserve son curriculum vitae (Lebenslauf) et le remettre cacheté au Maître Ecossais.
Si l'examen minutieux des réponses et de la confession générale du candidat ne révélait rien de dangereux pour la Société dans ses opinions, ses relations et ses moeurs, les Supérieurs fixaient le jour de la réception.