René Leboutte

Dans les 140 fosses à charbon que compte le bassin industriel liégeois en 1810, la mécanisation est encore inexistante : tout repose sur la force physique. Les hommes travaillent au fond, arrachent le charbon au pic, le tirent jusqu'au bas du puits et le chargent dans des paniers. A l'aplomb du puits, des femmes actionnent le treuil, remontent les paniers qui pèsent chacun facilement 100 kilos, les déchargent dans des brouettes et le transportent sur une aire de stockage où d'autres femmes, des fillettes et des enfants enlèvent à la main les pierrailles. Ensuite, ce charbon est versé dans des hottes que d'autres femmes, les botteresses, viennent livrer à gauche ou a droite ou portent au marché.
Les dénombrements effectués par l'administration du département de l'Ourthe, nous font entrevoir ces botteresses qui sont des milliers, ombres fugaces qui s'agitent autour des fosses, qui parcourent les chemins, qui se bousculent dans les ruelles de la ville, qui s'invectivent sur la place du marché. Elles transportent de tout : du charbon bien sûr, des clous, des fusils, des légumes, des pommes de terre, des pierres, des gravats...

Ce qui suit est toujours lié à ce qui précède.