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Critiques de Renee Sansom Flood (3)
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L'Oiseau perdu de Wounded Knee : L'Esprit d..

C'est l'histoire d'un destin : celui des tribus indiennes à l'aube du XXe siècle, et celui d'une petite fille. Celui de milliers d'hommes morts parce qu'ils gênaient, celui d'une jeune femme perdue.

Sous une forme romancée, on assiste à Wounded Knee, et aux grandes spoliations, à la vie de Lost Bird, la vie sans grande joie... tout le temps son destin semble être celui, inéluctable du peuple dont elle est issue. Et les ratés de sa vie dans sa famille adoptive sont les soubresauts et les espoirs déçus des indiens dans une Amérique qui n'est plus leur terre.
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L'Oiseau perdu de Wounded Knee : L'Esprit d..

Renée Sansom Flood, historienne, a été travailleuse sociale. Elle a côtoyé ces enfants indiens qu'on confiait à des familles blanches. Mariée à un indien Dakota yankton elle a subi le racisme. Un jour par hasard elle tombe sur la photo de Lost Bird, ce bébé indien qui a survécu au massacre de Wounded Knee le 29 décembre 1890, qui a été élevée par des blancs, qui a toujours cherché qui elle était, et elle se met à faire des recherches sur cette petite fille.



La mémoire du peuple indien dans cette fin de XIXème et début du XXème siècle, tel est le thème de cette histoire, la dignité qu'on leur a volée, le besoin de restaurer le souvenir et ramener Lost Bird, morte à vingt-neuf ans en 1920, dans la terre de ses ancêtres à Wounded Knee.

Dès le départ j'ai été assaillie par l'émotion. La cérémonie d'exhumation en 1991 est extrêmement émouvante tant les indiens sont capables d'osmose avec tout leur peuple, les vivants et les morts, la terre et le ciel, les éléments, l'univers.



Le massacre de Wounded Knee a été un mensonge d'état et un secret bien gardé pendant des décennies. Ce que le septième régiment de cavalerie des États-Unis a fait aux indiens lakotas en 1890 est absolument monstrueux. Après la spoliation, le génocide. le plus grand pays du monde s'est construit sur le vol et le meurtre, sur la honte et l'ignominie.

Le récit de cette tragédie commence ponctué de témoignages de survivants et j'ai trouvé que ça donnait énormément de force et de douleur au récit. Sans oublier les nombreux renvois en bas de page qui étayent les références historiques.

Je les ai pourtant rapidement trouvés trop nombreux et trop longs parfois. Il arrive qu'ils fassent presque toute la page et même plusieurs pages. On reconnaît bien là la patte de l'historienne mais ça rend tout très pesant et rébarbatif. de même que la chronologie de l'histoire m'a parfois semblée aléatoire, faisant des bonds en avant, en arrière.



L'histoire et l'origine du couple Colby, qui a adopté Lost Bird, nous est racontée ainsi que les États-Unis tels qu'ils étaient. La religion prépondérante mais c'est toujours le cas de nos jours. le patriarcat et les violences faites aux femmes en toute légitimité, quelles soient physiques ou psychologiques. L'iniquité absolue envers les indiens en cas de conflit avec eux. L'adoption de Lost Bird par les Colby fut un coup politique, pavée de bonnes intentions surtout de la part de Clara Colby qui fut mise devant le fait accompli par son mari. Elle était une femme pieuse, très ouverte et militante avec de hautes responsabilités pour le suffrage des femmes bien que conservatrice. En revanche, son mari, Leonard Colby était ambitieux et manipulateur, bien qu'il ait semble-t-il pris le parti des indiens avec sincérité. Mais sans doute était-ce intéressé et donc totalement cynique car tout chez cet homme était calculé. Hélas, le désir d'élever des enfants indiens comme s'ils étaient des petits blancs fut une erreur tragique, autant pour leur psychisme que pour leur santé.



Pendant de très longs chapitres il est énormément question des époux Colby, de leurs actions politiques, de leurs amis ou adversaires, plutôt que de Lost Bird et du peuple Lakota. Cependant, c'est un couple étonnant, toujours en mouvement, mais elle surtout, a eu une vie extrêmement indépendante et active pour l'époque, elle était altruiste et généreuse. C'était une femme de convictions, sa personnalité m'a impressionnée ainsi que sa magnanimité. de plus elle aimait sincèrement sa "fille indienne" comme elle l'appelait même si elle l'a toujours fait passer après ses combats féministes et donc beaucoup délaissée.



C'est un livre passionnant mais aussi révoltant et affligeant. L'humanité a décidément un pouvoir de nuisance illimité. Hélas j'ai parfois trouvé le temps long car trop de détails qui ne concernent pas directement les lakotas et Lost Bird mais nécessaires au contexte historique.

Quant à Zintkala Nuni, Lost Bird en lakota, "𝑛𝑜𝑛-𝑏𝑙𝑎𝑛𝑐ℎ𝑒 𝑝ℎ𝑦𝑠𝑖𝑞𝑢𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑛𝑜𝑛-𝑖𝑛𝑑𝑖𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡", elle se sentit toute sa courte vie écartelée, cherchant désespérément à se rapprocher de ses origines.

L'histoire des pays et des peuples m'ont toujours intéressée et ce livre est extrêmement bien documenté. Tout y est relaté, jusqu'aux atroces pensionnats pour indiens, tenus par des sadiques pervers de la pire espèce. J'ai été révoltée par ce que Lost Bird à vécu, toujours sur le fil, réussissant à ne pas tomber dans le sordide le plus vil. Une vie de solitude et d'errance psychologique, que l'amour d'une mère absente n'a pas pas suffi à empêcher. Je préfère pourtant quand c'est traité sous forme de roman, ça rend tout plus vivant, plus prenant. J'ai eu parfois envie d'abandonner… heureusement que je ne le fais plus car ce livre vaut la peine d'être lu.
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L'Oiseau perdu de Wounded Knee : L'Esprit d..

L'auteure du livre, Renée Sansom Flood, est également historienne. Durant dix ans, elle a sillonné les États-Unis pour mener des entretiens et réunir des documents afin de reconstituer la vie de Lost Bird (Oiseau Perdu), Zintkala Nuni (en lakota), l'un des cinq bébés lakotas ayant survécu au massacre de Wounded Knee le 29 décembre 1890.



Plus que l'histoire de Zintkala Nuni, c'est la triste histoire des Peuples Premiers qui non seulement ont été dépossédés de leurs terres, mais aussi de leurs enfants. Ces derniers ont été placés dans des familles blanches et instruits par les pensionnats autochtones qui pratiquaient surtout la maltraitance, tant physique que psychologique. Tout cela bien sûr dans le noble but de les civiliser, afin qu'ils puissent apprécier le bonheur (imposé !) du rêve américain. C'est l'extinction des Amérindiens à l'aube du XXe siècle, de leurs langues, de leur spiritualité, de leur mode de vie, … qui est également retracé ici.



En découvrant la vie de Zintkala Nuni, on découvre également celle de ses parents adoptifs ; Leonard W. Colby, un homme manipulateur avide de pouvoir et de richesse, et Clara Bewick Colby, la bonne épouse, mère dévouée, travailleuse et suffragette de la première heure. Le contexte de l'époque, les États-Unis de 1890 à 1920, est fort bien restitué : la ségrégation des populations noires avec l'émergence du ragtime, la condition de la femme avec le mouvement des suffragettes pour le droit de vote des femmes, la crise économique de 1873-1896, puis la guerre hispano-américaine qui s'est déroulée du 25 avril au 12 août 1898, sans oublier la première guerre mondiale (1914-1918) et enfin la grippe espagnole (1918-1920).



Ce livre est extrêmement bien documenté : sur pratiquement chaque bas de page figurent les sources et des notes appuyant la véracité des propos de l'auteure. En fin d'ouvrage, on trouve la bibliographie riche et variée utilisée par Renée Sansom Flood (livres, publications et magazines, documents gouvernementaux, collections de manuscrits, thèses, manuscrits inédits et collections), ainsi qu'une liste abondante recensant toutes les personnes avec lesquelles elle s'est entretenue.



L'histoire romancée de la vie de Zintkala Nuni est malheureusement bien triste ; elle débute avec le massacre de Wounded Knee et s'achève avec la grippe espagnole. Jamais elle ne parvint à s'adapter à sa vie « civilisée » qui ne fut qu'une vie d'exploitation, de racisme, de maladie, de pauvreté et d'incompréhension. Malgré toutes ces épreuves, elle gardait toujours l'espoir de retrouver ses racines ainsi que sa place véritable dans le monde.

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