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Citation de Charybde2


J’aurais pourtant mieux fait de penser à Bolaño, et pas uniquement pour une bête concordance de dates, bien que celle-ci eût dû me mettre sur la voie. Les Détectives sauvages est aussi un grand roman d’initiation, un roman de l’itinéraire de la création, même si la critique y a surtout vu, jusqu’à présent, une déclaration de guerre aux « héritiers » du Boom latino-américain, Allende, Sepúlveda, et à García Marquez lui-même. Effectivement, Les Détectives sauvages ouvre de nouveaux espaces narratifs et tue certes le réalisme magique, mais ce n’est pas sa seule dimension. Comme dit le critique Ignacio Etchevarria, Les Détectives serait le genre de roman que Borges aurait consenti à écrire : protubérant, plein d’humour, complexe et brillant. Mais pour le sujet me préoccupant alors, devenir poète professionnel et trouver les 2666 euros qui me manquaient pour y parvenir, Les Détectives offraient tout un ensemble de solutions à travers la vie et l’œuvre de Juan García Madero, poète que je sentais à ma portée. (…) Dans une dernière note rédigée peu avant de mourir, Bolaño déclare que le narrateur de 2666 est en réalité Belano, et lui passe définitivement la parole, bouclant ainsi la boucle ouverte avec les Viscéraux Réalistes de Mexico en 1975. De l’initiation à la maturité et au décès, j’avais devant moi – et pour une somme bien plus modique – tout ce que le cours de la Escuela de Letras souhaitait enseigner, y compris le plus déprimant peut-être, la révélation que mon destin de poète était semblable à celui de García Madero, le narrateur des Détectives : amant déçu, expert en métrique latine, docteur ès devinettes absurdes, contraint de marcher jusqu’à la fin des temps dans ses souvenirs du désert de Sonora, entouré de personnages et sans réel poids sur le monde. (Mathias Énard)
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