Citation de ElsaK
Nous sommes envahis désormais par toute une série de termes qui paraissent épouser les contours humanistes du travail social, mais qui ne sont en réalité que les pendants de la rhétorique procédurale, la novlangue « dure » de la haute administration, des financeurs et des managers. Il et très difficile d’être contre le positif, remarque Lepage. Imagine-t-on s’opposer à la « démarche qualité », au prétexte que celle-ci ne serait qu’une optimisation de la productivité ? On ne peut être contre la qualité ! Même chose pour l’« excellence », l’« harmonisation » des diplômes, ou encore le fameux « plan de sauvegarde de l’emploi », entre autres exemples. La pensée positive procède par inversion et oblitération de sens ; l’euphémisation allège la réalité pour la rendre supportable. Des termes, en apparence anodins, intègrent la rhétorique des travailleurs sociaux et s’imposent comme autant de vérités toutes faites sans jamais faire l’objet du moindre questionnement quant à leur signification exacte : « poser le cadre », « être acteur de son projet » …, les référentiels métiers et les référentiels de formation reprennent à leur tour ces mêmes termes, et leu utilisation inflationniste les rend redoutablement familiers à tel point que nul ne songerait à en interroger la pertinence. Nous les employons comme s’ils allaient de soi, persuadés que nous comprenons tous la même chose.
