Ce numéro 15 des Cahiers de la Comédie Française s'ouvre sur un texte d'Alain Badiou intitulé 'Dix thèses sur le théâtre'. Badiou y donne sa définition du théâtre : un agencement produisant des idées, une expérience de simplification de la complexité de la vie, mettant en jeu les pouvoirs politiques et sociaux et les désirs, une expérience éphémère, une confrontation avec le hasard et avec la critique. Il appelle de ses voeux un renouvellement du théâtre comique, briseur des tabous consensuels.
Suit une série d'articles intéressants sur les ateliers animés par les membres de la Comédie Française dans des collèges et lycées d'Argenteuil auprès d'une population bigarrée. Ces textes datent de 1995 mais les constats sur ces jeunes de banlieue sont toujours d'actualité.
Le dossier de ce numéro est consacré aux rapports entre théâtre et cinéma. le cinéma s'est longtemps défini par rapport à son glorieux ainé et a cherché à marquer sa différence pour s'affirmer comme un art à part entière. Il a dû faire face au mépris de certains hommes de théâtre comme Louis Jouvet. Ce débat me semble définitivement appartenir au passé.
Un article consacré à l'une des premières traductions de Shakespeare en français plus de 120 ans après sa mort montre à quel point les Français ont eu du mal à comprendre et à accepter ce théâtre qui leur paraissait irrationnel, désordonné et vulgaire. Les traductions du XVIIIème siècle n'hésitaient pas à modifier profondément le texte d'origine pour l'adapter aux critères du classicisme français.
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