Revue Nord-Sud

poème
  
  
  
  
Quelqu’un vient de mourir en moi
            Et un cloche imperceptible
            Me parle à l’oreille

Un étoile oubliée
            Pleure dans l’obscurité
Sur le lac plus profond que la terre
   Où toutes les barques ont coulé

Là-bas sous l’ombre de la lampe
Le fauteuil qui attendait le retour
            A été occupé


//Vicente Huidobro (1893 – 1948)

La neige tombe



La neige tombe
Et le ciel gris
Sur ma tête où le toit est pris
La nuit.
Où ira l'ombre qui me suit
A qui est-elle ?
Une étoile ou une hirondelle
Au coin de la fenêtre
La lune
Et une femme brune.
C'est là
Quelqu'un passe et ne me voit pas.
Je regarde tourner la grille
Et le feu presque éteint qui brille
Pour moi seul.
Mais là où je m'en vais il fait un froid mortel

                            15 mars 1917

JOIES D'AVANT-GUERRE



La tête a soif
            Et il y a une minute où toutes les feuilles tremblent
Les cigares allumés sont derrière le mur en planches où
disparaissent les jambes
                                Les doigts gantés dans le bouquet
                                Les feuilles
                                                    On a tout brisé
Là il reste une date accrochée au mur
            Les musiciens de passage ont posé
            Les oiseaux imitaient les musiciens
                        Les soldats imitaient l'oiseau
Le plus grand se penchait avant de partir
                                                De tomber
                        Les ailes pointues enfin se relevaient

La vitesse effaçait tous les corps de l'allée
                                    Et le fleuve calmé
Puis la route du fond s'ouvrait


              Découpé en tranches le rayon dissimulait
              ses perles
       Et nous allions par morceaux
                              jusqu'au dernier platane
Vers le ciel découvert
                    pour s'étendre enfin
          Contre le vent qui ne passera pas

                             Nord-Sud, 1 octobre 1918

Quatre poèmes



Poème 4

Ma face
Et autour un peu d’eau.
La glace,
Une porte ouverte
Qui montre une chambre pareille
Singe !
Pourquoi fais-tu ce que je fais ?
Je m’attends derrière la glace


//Vicente Huidobro, poète d’origine chilienne, (10 janv. 1893 - 2 janv. 1948 )

Quatre poèmes



Poème 1

Les heures glissent
Comme des gouttes d’eau sur une vitre

Silence de minuit
La peur
Se déroule dans l’air

Oh...
C’est une feuille
On pense que la terre va finir
Tout le monde dort
Un soupir
Dans la maison quelqu’un vient de mourir


//Vicente Huidobro, poète d’origine chilienne, (10 janv. 1893 - 2 janv. 1948 )

Quatre poèmes



Poème 2

Quelque chose frôle le mur
On sent une âme qui veut naître
Aveugle
Quelqu’un cherche une porte
Demain les yeux seront ouverts
Un bruit
On ne trouve pas
Dans la vie
Il y a quelquefois un peu de soleil

Elle viendra
On l’attend


//Vicente Huidobro, poète d’origine chilienne, (10 janv. 1893 - 2 janv. 1948 )

Quatre poèmes



Poème 3

Fille
Dans la vie
On attend

Il y a un chemin
Où meurent les soirs
Quelqu’un vient


//Vicente Huidobro, poète d’origine chilienne, (10 janv. 1893 - 2 janv. 1948 )