Revue Tintin

En 2022, la coupole de l'Institut de France, la Mecque du savoir et des arts depuis 1795, était le théâtre d'une première historique. Son Académie des beaux-arts intronisait un auteur de bande dessinée, ou plus précisément une autrice : Catherine Meurisse entrait dans la peau d'une Immortelle. Sur son compte Instagram, l'artiste croquait cet instant solennel dans un autoportrait où elle enfilait sa redingote officielle sur un costume de Tintin, accompagnée de Milou portant son épée d'académicienne entre les dents. Tout un symbole !
Chacun pense connaître le monde de Tintin. Il est, en réalité, inépuisable car il s'enrichit de l'univers de tous ses lecteurs, du temps qui passe, des interprétations qui en modifient les perspectives. Son perso nage participe de la mystique de l'aventurier moderne. Il n'a pas d'âge ni de superpouvoirs, sinon celui d'apaiser la nature humaine. C'est un héros civilisateur. Depuis 1929, Hergé n'a cessé d'inspirer les auteurs de bande dessinée. Tintin fait toujours l'actualité. Au XXIe siècle, 77 ans après la naissance de son journal, rue du Lombard à Bruxelles, Hergé n'a plus besoin de faire école. Tintin s'est rangé de l'aventure à la disparition de son créateur en 1983, mais ses rivaux historiques, Spirou, Blake et Mortimer, lui empruntent, pour l'un ses culottes de golf, et pour les autres sa ligne claire.
(dans l'introduction de Daniel Couvreur)