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Citation de Charybde2


Une étroite trouée entre deux immeubles, petite brèche dans un mur incrusté de fenêtres aveugles : une étrange ouverture sur un autre monde. Là-bas, il y a des chiens et des enfants qui gambadent ; tandis qu’ici, rien qu’une rue déserte et des tourbillons de poussière chassés par le vent. Un visage oblong, tourné vers moi : lèvres fines, joues creuses et yeux silencieux (noirs, vraisemblablement) – un visage de femme, laiteux et sanguin, interrogatif et souffrant, divin et débauché, chantant et mutin. Une vieille maison au fond d’un jardin, couverte d’une vigne folle, à sa droite quelques pommiers desséchés, à gauche un fouillis de feuilles mortes que personne n’a ramassées ; elles tournoient dans l’air, et pourtant même les branches les plus frêles ne frémissent pas…
C’est dans cet état que je me suis réveillé ce matin (un matin). Tous les jours de ma vie commencent par une séquence d’images douloureusement précises, on ne peut pas les inventer ou les choisir. Elles sont l’œuvre de quelqu’un d’autre, elles retentissent sans bruit, ébranlent mon cerveau encore endormi, puis disparaissent. On ne peut pas les effacer. et ce prélude feutré détermine la couleur de la journée à venir. On ne peut pas y échapper – à moins de ne jamais se réveiller, de ne plus décoller la tête de l’oreiller. Cependant, on obéit : on ouvre les yeux et on voit la chambre, les livres sur les étagères, les vêtements entassés sur le fauteuil. Et on se demande qui mène la danse. Pourquoi interprète-t-on la partition de sa journée de cette façon et pas d’une autre ? Qui est le mystérieux démiurge de notre naufrage ? Choisit-on au moins la mélodie de notre vie ? Ou bien toutes nos pensées sont-elles garrotées par Eux ?
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