La veille, s'étant endormi en pensant à la traversée présente, il avait eu la sensation absurde - ce n'était pas exactement un rêve - que la durée entière de la vie, l'enchainement de toutes ces années, n'est réellement vécue que dans les dernières secondes avant que la mort claque la porte. Que tout le vécu n'est qu'une illusion des sens. Un mensonge si l'on veut. Rien de réel. Et pourtant, au bout du compte, cette impression était libératrice. Il avait pour habitude de considérer toutes sortes de choses comme libératrices.