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Citation de Dude76


Il ne savait pas dans quelle mesure cette désorientation était induite par Seethlaw pour le dominer, et quelle partie était la réaction ordinaire des humains après un moment passé dans les marches aldraines. D'une façon ou d'une autre, c'était assez horrible. Les paysages et les intérieurs qu'il croyait réels fondaient soudain sans prévenir, s'écroulant autour de lui comme des murs de cire creusés de lumière qui scintillait froidement comme le clair de bande sur une eau lointaine, et une impression s'être exposé au vide qui lui donnait envie de se recroqueviller dans un coin pour pleurer. Des silhouettes qui ne pouvaient pas être là allaient et venaient, se penchaient sur lui et lui délivraient des conseils aussi fragmentaires que cryptiques, chacun avec l'intimité froide de serpents qui siffleraient à son oreille. Il en connaissait certains, d'autre véhiculaient une impression de semi-familiarité cauchemardesque qui laissait penser qu'il aurait dû les connaître, aurait [i]pu[/i] les connaître, si sa vie avait été même marginalement différente. Eux en tout cas affectaient de le connaître, et c'est la logique onirique de leur certitude qu'il en vint à redouter le plus, car il était à peu près sûr de sentir des aspects de lui-même se détacher ou changer en réaction.
- [i]Si c'est vrai[/i], pontifiait Shalak par un chaud soir de printemps dans le jardin derrière l'échoppe, [i]s'il est avéré que les royaumes aldrains se tiennent en dehors du temps, ou du moins dans les bas-fonds le long de ses rives, alors les contraintes du temps ne doivent pas s'appliquer à ce qui s'y déroule. Réfléchis-y un moment. Ne pense pas à ces conneries des marais, sur les jeunes hommes séduits par les donzelles aldraines, qui passent une nuit avec eux et les renvoient à la maison quarante ans plus tard. Ce n'est pas le plus grave. Une absence de temps présuppose une absence de limites quant à ce qui peut se passer à n'importe quel moment. On vivrait un million de possibilités différentes en même temps. Imagine la volonté qu'il faudrait pour survivre à ça. Le paysan humain de base perdrait la tête aussitôt. Réfléchis-y[/i], répéta-t-il en se penchant assez près pour murmurer. [i]Fais un bisou, Gil.[/i]
Ringil tressaillit. Shalak trembla et disparut. Ainsi qu'une grande partie du jardin derrière lui. Flaradnam arriva par l'espace flou que cela laissa, s'assit en face de Ringil comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.
- [i]Oui, Gil, mais si je m'étais comporté comme ça à la passe des Gibets, où cela nous aurait-il menés ? Je ne serais jamais revenu en un seul morceau.
- Comporté comment ? [/i](Ringil secoua la tête, comme engourdi, en regardant les trait anthracite devant lui.) [i] Tu n'es pas revenu, 'Nam. Tu n'es jamais allé à la passe des Gibets. Tu es mort que la table d'opération.[/i]
Flaradam fit la grimace, comme si on venait de lui raconter une plaisanterie de très mauvais goût.
- [i] Arrête ! Alors, qui a mené la charge à la Passe, si ce n'était pas moi ?
- Moi.
- Toi ?
- Oui ! Moi ! [/i](Il criait.)[i] Tu étais mort, 'Nam, bordel ! On a laissé ton cadavre aux lézards.
- Gil, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu ne vaspas bien.[i]
Et ainsi de suite.
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