Robert Barnard

— Quelle était donc cette pièce que vous avez écrite... qui regorgeait de petits airs faciles à retenir, de magie, de ce genre de choses dont les gens raffolent tant ?
— Je crois que c'est à La Flûte Enchantée que vous pensez.
— C'est cela qu'il nous faut. Quelque chose de léger.
Quelque chose de léger ! Ni plus ni moins que ma musique la plus sublime, ma pensée la plus profonde, mon étude la plus fouillée de la condition humaine ! Le tout enveloppé sous forme de fantaisie pour que l'homme de la rue et sa femme puissent passer une bonne soirée, mais néanmoins musique digne de me suivre jusqu'au Jugement dernier. Et Brownlett s'en souvient comme de "quelque chose de léger" ! Pour un empire, je ne voudrais pas avoir une oreille de banquier.

Le roi s'empourpra.
— Un couronnement ? s'écria-t-il. Qui parle de couronnement ? Tout ça, c'est du folklore. S'ils y tiennent vraiment, j'écrirai un mot à l'archevêque pour lui dire que la cérémonie aura lieu après-demain, je me rendrai à l'abbaye, il me posera la couronne sur le crâne, et hop, le tour sera joué ! Pas question de recommencer comme la dernière fois, avec toutes ces bêtises médiévales. Un vrai sacrilège, si vous voulez mon avis. Et s'ils réclament de la musique, eh bien, vous pourriez toujours nous composer un petit hymne, Mr Mozart ? Ça vous inspire, les hymnes ?
— On ne m'en a pas souvent commandé, admis-je.
— Bah, ce ne doit pas être bien difficile. Paroles simples, mesures simples. Ne me dites pas qu'il a fallu beaucoup réfléchir pour écrire God Save the King !