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Citation de rkhettaoui


S’ils ne se disent rien, c’est que les mots ne sont pas essentiels. Tout à l’heure, ils vont parler, attablés devant un bon café, les yeux dans les yeux. Elle pense : c’est allé si vite. Il se demande : me trouve-t-elle trop empressé ? Mais, au fond, ils savent. Ce qui leur arrive est à la fois inattendu, grave, léger, naturel et inexplicable. Par-ci par-là, l’ombre du garçon entre eux se glisse. Spectre, ange, démon, peu leur importe aujourd’hui : ils sont deux braves vieux de la vieille qui n’ont plus beaucoup, plus assez de temps, avant l’oubli, pense-t-elle en secret, avant de casser ma pipe, moi qui ne fume pas, ricane-t-il en lui-même. Ils ont aimé, chacun de son côté, passionnément, puis modérément, puis fracas, deuil, saut dans le vide, sur leurs pattes sont retombés, mais jamais comme maintenant, jamais si doucement, si naturellement – ils ne savent pas dire autrement – se sont-ils abandonnés.
Brusquement, il désengage son bras du sien. Elle frissonne, ferme les yeux, soudain prise d’une frayeur qu’elle ne reconnaît que trop bien. Il s’en va, il n’a jamais été là, j’ai rêvé. Au petit matin, lisant le journal qu’elle s’obstine à feuilleter d’un bout à l’autre, comme si, dans telle page, telle autre, il n’allait plus être question de bombes, de camions assassins, de sang, de cris muets, de vengeance, elle s’est effondrée.
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