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Citation de SZRAMOWO


Mr. Silas Q. Scuddamore était un jeune Américain, d’un caractère simple et inoffensif, ce qui l’honorait d’autant plus qu’il venait de la Nouvelle-Angleterre, une partie du Nouveau Monde qui n’est pas précisément renommée pour de pareilles qualités. Bien qu’il fût excessivement riche, il tenait, sur un petit carnet de poche, le compte exact de ses dépenses, et il avait fait choix, pour s’initier aux plaisirs de Paris, d’un septième étage dans ce qu’on appelle un Hôtel meublé au Quartier-Latin. Il entrait beaucoup d’habitude dans sa parcimonie, et sa vertu fort étonnante, vu le milieu où il se trouvait, était principalement fondée sur la défiance de soi et sur une grande jeunesse.

La chambre voisine de la sienne était habitée par une dame, très séduisante d’allure et très élégante de toilette, qu’à son arrivée il avait prise pour une comtesse. Par la suite, il apprit qu’elle était connue sous le nom de Zéphyrine. Quelle que fût la situation qu’elle occupât dans le monde, ce n’était assurément pas celle d’une personne titrée. Mme Zéphyrine, sans doute dans l’espoir de charmer le jeune Américain, avait pris l’habitude de le croiser sur l’escalier ; et là, après un signe de tête gracieux, un mot jeté tout naturellement et un regard fascinateur de ses yeux noirs, elle disparaissait avec un froufrou de soie, laissant apercevoir un pied et une cheville incomparables. Mais ces avances, bien loin d’encourager Mr. Scuddamore, le plongeaient dans des abîmes de découragement et de timidité. Plusieurs fois, elle était venue chez lui, demander de la lumière ou s’excuser des méfaits imaginaires de son caniche. Hélas ! en présence d’une créature aussi supérieure, la bouche de l’innocent étranger restait close ; il oubliait son français, et, jusqu’à ce qu’elle fût partie, ne savait plus qu’ouvrir de grands yeux et bégayer. Cependant, leurs rapports si fugitifs suffisaient pour qu’il lançât parfois des insinuations dignes d’un fat, lorsque, seul avec quelques camarades, il se sentait en sûreté.
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