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Citation de RChris


La grâce timide étant le charme de la jeunesse, une demoiselle bien élevée doit toujours se comporter avec réserve et délicatesse. Quand elle se hasarde à l'extérieur, avec des jeunes amies, il lui faut parler bas, éviter de se faire remarquer, et ne pas leur sauter au cou. Elle ne peut sortir seule sans compromettre son honneur, son bonheur et son avenir. Si cela lui arrive, ou si elle circule en compagnie d'une bonne, elle ne doit jamais se retourner pour regarder quelqu'un, ni permettre à un homme de lui adresser la parole. Au théâtre , elle ne peut pas braquer sa lorgnette sur un inconnu, ni regarder fixement ou effrontément n'importe où, et tout fou rire lui est interdit. Au bal, elle se contente d'être aimable, avec au plus un petit rire. Si un homme se déclare, elle doit le dire à sa mère, non pas à ses amies, comme le font les sottes vaniteuses. Dans tous les cas, il importe qu'elle se tienne bien droite, gracieusement, et qu'elle conserve un peu de délicieuse gaucherie. Mariée, encore jeune, elle ne peut sortir qu'en compagnie de son père, frère ou mari. Au bal, elle évite alors un décolleté outrageux. A pied, elle ne porte qu'une toilette très effacée. Car une femme n'a vraiment de charme que si elle cherche a passer inaperçue, tant par son apparence que par ses manieres. Le bon goût, et le souci de ne causer aucune gêne à autrui, veulent qu'elle bannisse les parfums, à l'exclusion d'"une une senteur unique et douce", celle de l'iris ou de la violette. Plein de respect et douceur pour les dames, un véritable gentleman, quant à lui, n'en aborde jamais une dans la rue.
Toute séduction est exclue de ce portrait très idéalisé des bourgeoises du temps. Les manuels de savoir-vivre convergent tous sur ce point, afin d'opposer le modéle de la chaste femme mariée a celui de la courtisane corruptrice. En 1878, Ermance Dufaux de La Jonchère le dit sans ambages : "Une femme bien élevée ne porte sur elle aucun parfum. Elle les abandonne à la femme de moeurs faciles, dont ils sont l'apanage exclusif." La comtesse de Gencé parle de "coquetterie désobligeante" si les demoiselles en usent (Code mondain de la jeune fille, 1909), et conseille aux femmes élégantes de le dissimuler à leur entourage (Le Cabinet de toilette d'une honnête femme, 1909). Les dames respectables sont conviées à oublier qu'elles possédent un corps et des sens. Le système bourgeois du savoir-Vivre qui s'impose au XIXème siècle les définit comme extrêmement fragiles, si bien que l'homme galant doit les protéger en permanence et leur éviter d'être blessées ou souillées par les réalités triviales.
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